Le propriétaire belge de tankers a pour la première fois financé neuf pétroliers selon les principes de Poséidon. Cette initiative, lancée en août 2019 par 11 banques et conçue avec les acteurs du shipping, vise à flécher en priorité les prêts vers les dossiers des compagnies maritimes les plus vertueuses ou en conformité avec les objectifs climatiques adoptés par l'OMI.
Au cours du troisième trimestre, Euronav a converti deux facilités existantes – un prêt à terme de 244 M$ et une facilité de crédit renouvelable de 469 M$ –, en un seul prêt vert de 713 M$, octroyé en vertu d’un certain nombre de critères environnementaux à respecter. « C’est le premier financement important de notre flotte avec des exigences spécifiques en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre », indique l’entreprise dans son rapport financier du troisième trimestre, qui en précise les règles du jeu. « Le prêt comprend des conditions avec des objectifs clairs à atteindre sur toute sa durée ». Sans délais, l’entreprise doit amorcer son parcours vertueux immédiatement. « La conformité aux objectifs, constatée cours des 12 premiers mois, sera récompensée par un coupon d'intérêt réduit de cinq points de base. Ces objectifs seront mesurés et vérifiés par des organismes indépendants ».
Le prêt a été signé le 11 septembre 2020 et le premier tirage a eu lieu le 15 octobre 2020, ce qui a permis de refinancer la dette de neuf VLCC et de trois Suezmax. La facilité aidera également à financer une partie des coûts d'acquisition de quatre VLCC en construction auprès du constructeur sud-coréen sud-coréen, ajoute l’entreprise, et fournira un fonds de roulement.
Shipping : Un financement qui ne coule pas de source
1,2 Md$ de liquidités
Euronav doit être l'une des premières entreprises du secteur à opter pour ce type de financement, dont les objectifs en termes d’émissions carbone « sont plus stricts que ceux que nous nous étions précédemment engagés à respecter » reconnait la compagnie dirigée par Hugo de Stoop. Euronav pouvait difficile faire autrement. La société belge a fait partie du groupe de travail, aux côtés d’autres acteurs du shipping (AP Moller-Maersk, Cargill, Lloyd’s Register, Watson Farley & William), qui ont contribué à élaborer le référentiel, cadre commun pour les prêteurs, bailleurs, garants financiers et agences de crédit. Les objectifs, eux, sont calqués sur la stratégie climatique de l'OMI visant, a minima, à réduire de moitié les émissions de carbone d'ici 2050 et à atteindre une réduction des émissions dès 2030.
Taux de fret sous pression
Fin septembre, la société disposait de 1,2 Md$ de liquidités, dont plus d’1 Md$ de facilités de crédit engagées non utilisées. Au troisième trimestre, Euronav a réalisé un résultat avant impôts de 46 M$ et au cours des neuf premiers mois de l'année, elle a enregistré un bénéfice de 533 M$ contre un perte 42 M$ l’an dernier à la même époque. Les recettes des neuf premiers mois de l'année ont atteint 1,1 Md$, soit près du double de celles de la même période l'année dernière. Les taux de fret moyen au troisième trimestre de la flotte Euronav ont atteint 42 000 $/j pour un VLCC, 23 500 $ pour les suezmax.
Mais depuis le milieu du troisième trimestre, les taux de fret sont sous une pression croissante, commente l’entreprise belge : « L'incertitude demeure quant à la reprise de la demande de pétrole brut en raison des restrictions liés au Covid qui persistent et se sont renforcées dans de nombreux endroits ».
Pour le quatrième trimestre, 50 % de la flotte de VLCC, exploitée dans le cadre du Tankers International Pool dont Euronav est l’un des membres (marché spot), a été affrétée à un taux moyen bien inférieur, de 22 500 $/j. 45 % de celle de suezmax opérant sur le marché spot est fixée à 11 500 $/j en moyenne. Euronav entend mettre à profit ce marché déprimé pour envoyer en cale sèche pour entretien technique neuf de ses VLCC.
Basée à Anvers, cotée sur Euronext Brussels, Euronav possède une flotte de 45 VLCC (quatre à livrer), 26 Suezmax (dont un en joint venture et deux navires affrétés à temps) et 2 navires FSO (tous deux détenus en joint venture 50/50 %).
Adeline Descamps
*Citi, Société générale, DNB, ABN Amro, Banque d’Amsterdam, Crédit agricole CIB, Danish Ship Finance, Danske Bank, DVB, ING et Nordea. Elles revendiquent un portefeuille de prêts fléchés vers l’industrie maritime de l’ordre quelque 100 Md$.