Engorgement portuaire : tensions autour de la manutention à La Rochelle

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L’impatience monte chez certains clients du port rochelais. Ils s’inquiètent de l’accroissement des délais de chargement et de déchargement. En cause, le manque de dockers, la désorganisation des ports, l’augmentation des trafics, conséquences de la crise sanitaire selon le manutentionnaire. Maritime Kuhn, qui a repris les activités portuaires de Bolloré Ports France, promet des solutions dont il a déjà lancé la mise en œuvre.

« Pour notre dernier bateau, ça a été catastrophique », lâche l’agent maritime français d'un armateur de navires conventionnels, excédé par les services assurés sur le port de La Rochelle. « Ce sont des problèmes récurrents, historiques, qui se sont amplifiés ces derniers mois et qui entravent notre productivité. Il est notamment difficile d’obtenir les dockers nécessaires. »

Même écho dans une autre filière, celle du nautisme et cette fois, sur les trafics export. Les bateaux de plaisance sortis des grands chantiers nautiques de Charente-Maritime, chargés par Maritime Kuhn et acheminés vers l'Amérique du Nord, la Caraïbe ou la Méditerranée, se heurtent aux mêmes problématiques que les bois venus d'Afrique. « Le port est très impacté par une congestion de nature structurelle. Mais ce n’est pas la seule raison. La filière éolienne occupe la place. Et on se trouve face à un seul interlocuteur, en position très dominante sur le port. »

L'interlocuteur suggéré est AMLP-Maritime Kuhn qui, en rachetant Bolloré Ports France, s'est effectivement taillé la part du lion. René Muratore, président du Conseil de développement du Grand port maritime de la Rochelle, atténue la portée des accusations. Certes, le groupe est en position de force, mais son organisation lui donne une souplesse dont ne peut pas toujours jouer Bolloré Ports du fait de son organisation plus verticale. « Dire que c'était mieux avant avec Bolloré, c'est de la nostalgie et la nostalgie a tendance à fausser la réalité. Ce n'était pas mieux avant. »

« Des mesures correctives et ciblées »

AMLP-Maritime Kuhn affirme pour sa part avoir « entrepris des mesures correctives et ciblées », assure son dirigeant François-Georges Kuhn. Le manutentionnaire affirme avoir embauché des dockers pour pallier le manque de main d'œuvre qui lui est reproché : dix sont en opération, et dix autres en formation devraient prendre leurs fonctions d'ici la fin de l'année, précise-t-il.

Il a aussi planifié l'achat de nouveaux outils « pour traiter plus de navires », un programme de maintenance du parc d'outillage tandis qu’une dizaine d'engins roulants ont été achetés et une nouvelle grue est en cours d'acquisition. La programmation des investissements sur 2022 est enclenchée.

Les raisons de la congestion rochelaise

François-Georges Kuhn a une autre interprétation de l'engorgement des derniers mois : les perturbations des chaînes d’approvisionnement à l'échelle mondiale en lien avec la crise sanitaire et ses effets dominos sur les trafics, les taux de fret, les services, les temps d'attente, etc.

« Il y a un ralentissement des flux, une désorganisation du marché du conteneur, une explosion du fret, résume-t-il. Il fait aussi référence à un transfert des trafics empruntant d’ordinaire les porte-conteneurs sur des navires conventionnels pour répondre à la pénurie des premiers. En conséquence, « des conteneurs qui étaient auparavant dépotés au Havre débarquent maintenant en vrac à La Rochelle. »

Explosion des coûts

Aussi, La Rochelle doit répondre à la demande de nouveaux trafics, tel l’éolien terrestre pour lequel la place portuaire est dans les tout premiers rangs. S'y est ajouté l'éolien offshore dans la perspective du parc de Saint-Nazaire pour lequel le port sert de base arrière. « Les navires font la queue dans la baie, reconnaît François-Georges Kuhn. Les armateurs, sous pression, n’acceptent plus les attentes en rade car ils ne veulent pas perdre une minute du fait des coûts qui ont explosé. »

Maritime Kuhn dit avoir rencontré ses clients et s'être engagé à améliorer son service. Ces mêmes clients restent circonspects et attendent du concret. « De nouveaux trafics arrivent à La Pallice mais ils n'ont pas été anticipés. Les navires doivent attendre et, s'ils ne travaillent pas, c'est l'armement qui paie... Nous avons besoin de solutions à très court terme. »

Myriam Guillemaud Silenko

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