Le transporteur maritime de conteneurs fait la fortune de quelques-uns et rend heureux ceux qui ont parié sur son introduction en bourse. La valeur de la compagnie a été multipliée par plus de trois, tirée vers le haut par des taux de fret à des niveaux inédits.
Après Costamare, le poids lourd bancaire allemand en restructuration ces dernières années, pourrait figurer parmi les heureux bénéficiaires des détenteurs de titres de la compagnie israélienne cotée à la bourse de New York (NYSE) depuis le début de l’année.
L’armateur grec Costamare a bénéficié d'un énorme coup de peps comptable grâce à ses 1,22 million d'actions dans ZIM qui étaient valorisées à 3,8 M$ au premier trimestre 2020 mais réévaluées à 29,7 M$ depuis l’entrée en bourse. L’entreprise a déclaré un bénéfice net de 68,1 M$ fin mars, contre 32,8 M$ un an plus tôt, malgré une hausse modeste de 4 % de son chiffre d'affaires au cours de cette période.
D’après Bloomberg, la Deutsche Bank serait en passe de gagner jusqu'à 1 Md$ grâce à son pari sur la société de transport dont la valeur a bondi en raison de la hausse record des taux de fret mondiaux. Citant des sources anonymes, l’agence indique que Mark Spehn, un trader de dettes en difficulté de la banque allemande, a parié moins de 100 M$ au cours des cinq dernières années sur la société par le biais d'obligations et de prêts bancaires, alors que les taux de fret chutaient.
Parmi les opérations les plus rentables de la banque allemande
La Deutsche Bank est le deuxième plus grand actionnaire de la société avec une participation de 13,68 % valorisée à 923 M$. ZIM avait indiqué le 4 juin que la banque allemande faisait partie de ceux qui ont vendu des actions de la société dans le cadre d'une offre secondaire d'une valeur de 279 M$. Si ces données s’avéraient, l'opération serait alors l'une des plus rentables pour ses comptes depuis l’affaire des subprimes américaines et le krach financier de 2008, qui lui auraient permis d’empocher près de 2 Md$.
Pour rappel, le 30 décembre 2020, ZIM avait déposé une demande d'introduction en bourse à 15 $ par action (prix inférieur à l'objectif de 16-19 $) pour lever 218 M$. Bien qu'il n'ait pas réussi à susciter l'intérêt escompté des investisseurs pour son introduction fin janvier, le cours de l'action a ensuite été multiplié par plus de trois.
Taux de fret de 1 925 $
À la dernière clôture, le titre est coté à 45,12 $ et sa valorisation boursière s’élève à 4,6 M$. Le onzième transporteur maritime mondial de la ligne régulière avec 1,7 % de la capacité mondiale conteneurisée (409 028 EVP) dispose d’une flotte de 98 navires dont deux en propriété. Plus que ses pairs, la société a tiré parti de la hausse des taux de fret au cours du premier trimestre. À 1 925 $, son revenu moyen par EVP a bondi de 76 % par rapport au premier trimestre 2020. La société est avantagée par son exposition au boom de la consommation américaine car elle offre sur le transpacifique la plus grande capacité avec 45 % du marché.
La société a renoué avec les liquidités et se retrouve munie d’une trésorerie générée par les activités d'exploitation de 777,4 M$ à l’issue des trois premiers mois de l’année contre 101,6 millions il y a un an. Quant à sa dette, elle passe de 1,24 Md$ à 915 M$ en trois mois. Soit un ratio de 0,5x contre 1,2x au 31 décembre 2020.
Adeline Descamps