À l’ordre du jour de l’assemblée de Corse, les 25 et 26 février, sera examinée la prochaine délégation de service public maritime entre Marseille et cinq ports de Corse qui débute le 1er mars prochain pour une durée de 22 mois. La collectivité devrait entériner la décision de l’OTC en faveur de l’offre conjointe Corsica Linea-Méridionale, Corsica Ferries ayant été écartée.
Fin du suspense dans une dizaine de jours à peine. Le enième épisode à rebondissement de la desserte maritime de la Corse a été fixé fin février. « Le rapport d’analyse des offres sera débattu et proposé au vote de l’Assemblée de Corse lors de la session des 25 et 26 février 2021 », s’est contentée d’indiquer Vanina Borromei, présidente de l’Office des Transports de la Corse (OTC).
Visiblement pas de vague à l’horizon, l’OTC ayant recommandé aux élus le tandem Corsica Linea et Méridionale. Un engagement conjoint mais pas tout à fait comme au « bon vieux temps » SNCM-CMN. Néanmoins, Corsica Linea a tenu ses engagements permettant à la filiale de Stef de revenir dans le jeu en assurant des traversées sur Ajaccio avec le Piana. Elle conservera aussi la desserte de Propriano effectuée avec le Kalliste.
La compagnie corse sera à la manœuvre de la DSP transitoire du 1er mars 2021 au 31 décembre 2022, avant le prochain contrat qui, lui, sera d’une durée de sept ans.
« Au fil des appels d’offres, les motifs de rejet deviennent de plus en plus créatifs pour nous écarter » Pierre Mattei, Corsica Ferries
Un différentiel de coût de 100 M€
Une nouvelle fois évincé de la DSP, le président de Corsica Ferries fulmine : « Nos offres financières sont de nouveau les mieux-disantes : de 34 à 87 % moins chères selon les lignes. Mais la dernière trouvaille de la Collectivité de Corse est de rejeter les offres de Corsica Ferries au motif que... ses navires ne disposeraient pas de suffisamment de cabines pour les convoyeurs ! ». Selon Corsica Ferries, le différentiel de coût avoisinerait « les 100 M€ sur les 22 mois de DSP ».
Dans un courrier adressé à la compagnie bastiaise, l’OTC estime que « l’outil naval ne répond pas aux exigences du dossier de consultation (…) dès lors qu’elle n’offre pas le minimum d’installations couchées, de cabines et de fauteuils requis pour le transport des passagers et convoyeurs. […] Pour des raisons de sécurité évidentes, il est indispensable – au-delà même de la qualité du service et dès lors que toutes les traversées auront lieu la nuit – que les convoyeurs soient en mesure, à leur arrivée, de reprendre la route après avoir bénéficié des meilleures conditions de repos possibles ».
Une histoire qui se répète sans fin
Après avoir été exclu en 2019 de la précédente DSP pour avoir omis de remettre son offre sur clé USB en complément de l’offre papier, Corsica Ferries s’insurge de ces nouveaux arguments invoqués pour l’écarter. « Au fil des appels d’offres, les motifs de rejet deviennent de plus en plus créatifs. Ces scenarii qui se répètent, alimentent des aides d'État et des surcompensations du transport maritime vers la Corse qui est devenu le plus coûteux d'Europe en service public. La desserte maritime corse est-elle condamnée à une éternelle perfusion de subventions ? », s’interroge Pierre Mattei.
Avant même l’examen du dossier devant les édiles corses, l’armateur envisage une action en justice face à « cette nouvelle mise en concurrence déloyale ». Jointes par téléphone, Corsica Linea et la Méridionale n’ont pas souhaité réagir.
Nathalie Bureau du Colombier