Maersk a certes été écarté en janvier par MSC, qui lui a ravi la place de premier armement mondial par la capacité de transport de conteneurs. Mais les actionnaires de l’entreprise danoise n’ont pas été lésés. Sans surprise, les résultats financiers du groupe danois sont excellents. Maersk figure parmi les grands gagnants des tensions sur le transport transport maritime de conteneurs et de la forte hausse des taux de fret constatée en 2021.
Le chiffre d’affaires a augmenté de 55 % pour atteindre 61,78 Md$. Le résultat brut d’exploitation (Ebitda) a triplé par rapport à l’année précédente, porté à 24 Md$. Quant au résultat net, il a tout simplement été multiplié par six, à 18,03 milliards de dollars. Maersk n’a jamais enregistré un bénéfice aussi élevé. Les marchés ont réagi vivement à la présentation des résultats. Le cours de l’action du groupe a pris 7,24 % de valeur à la clôture de la séance à la bourse de Copenhague.
« Les conditions de marché exceptionnelles ont entraîné une croissance et une rentabilité record mais elles ont également entraîné des perturbations de la chaîne d'approvisionnement pour nos clients », reconnait dans un communiqué le PDG de Maersk, Søren Skou.
Acquisitions accélérées
La branche « Ocean », qui regroupe l’activité de transport maritime, tire la croissance du groupe et son chiffre d’affaires est passé de 29,2 à 48,2 Md$ entre 2020 et 2021, soit une augmentation de 65 %.
Les volumes transportés ont augmenté de 3,6 % à 13,1 MEVP (12,6 MEVP en 2020), impactés par la congestion. En comparaison, ils ont été inférieurs de 1,6 % à ceux de 2019 (13,3 MEVP). Les flux sur les lignes est-ouest ont cependant augmenté de 3,4 % malgré l’engorgement critique des ports de Long Beach, Los Angeles et de Felixstowe au Royaume-Uni. Sur le trade Nord-Sud, la croissance est encore plus limitée, à 1,9 %, essentiellement portée par les exportations vers l'Asie et l'Afrique de l'Ouest, qui ont compensé la faiblesse vers l'Europe. Les échanges intrarégionaux se portent mieux (+ 6,4 %).
Mais, dans la perspective de traiter les marchandises de bout en bout, c’est bien l’activité « Logistics & Services » qui est mise en avant par Maersk : ouverture de 85 nouveaux entrepôts l’an dernier et augmentation de 41 % du chiffre d’affaires (9,8 Md$) à la fois par croissance interne et grâce à six acquisitions d’entreprises au cours de l’année dans l’aérien, le e-commerce et l’entreposage.
De nouvelles acquisitions
Le groupe danois poursuit ses emplettes en 2022. À l’occasion de la présentation des résultats financiers annuels, il a annoncé un nouveau projet d’acquisition avec la société américaine Pilot freight services auprès de la société de capital-investissement américaine ATL Partners et de l’investisseur canadien British Columbia Investment Management. L’entreprise, dont le siège social est situé à Glen Mills, en Pennsylvanie (2 600 employés et 87 sites aux États-Unis, avec des bureaux en Espagne et aux Pays-Bas) assure la livraison sur le dernier kilomètre de marchandises volumineuses (plus de 70 kg) depuis des entrepôts ou des ports jusqu'à la porte d'entrée des clients (particuliers et entreprises)
La transaction, d’un montant de 1,68 Md$, devrait se concrétiser au deuxième trimestre 2022, renforçant la présence de Maersk dans la logistique du premier et dernier kilomètre. Une stratégie en calque de celle de CMA CGM, qui vient aussi d’annoncer une croissance externe importante dans le dernier kilomètre.
Depuis 2019, Maersk aura alloué 6,7 Md$ en acquisitions pour son activité logistique.
Pas de retour à la normale avant le second semestre
La direction de Maersk s’attend à ce que la situation actuelle sur le marché du transport maritime perdure au deuxième trimestre, et ne prévoit pas de retour à la normale avant le second semestre 2022. Son activité devrait donc « croître en phase avec la demande mondiale de transport de conteneurs, qui est attendue en hausse de 2 à 4 % ». Le groupe danois vise un résultat d’exploitation de 24 Md$ en 2022, identique à celui réalisé en 2021.
Étienne Berrier