Les difficultés financières du chantier allemand FSG Flensburger Schiffbau-Gesellschaft font des victimes collatérales en cascade.
Déjà responsable des pénalités imposées le 28 janvier par la National Transport Authority (NTA) à la compagnie maritime Irish Ferries suite à l'annulation des services du W.B. Yeats durant l'été 2018, le constructeur allemand contraint cette fois la compagnie française Brittany Ferries à retarder la mise en service de son navire amiral Honfleur.
Le dernier né de la compagnie de Roscoff et premier ferry au GNL de la spécialiste transmanche engagée dans un programme de renouvellement de sa flotte vieillissante devait entrer en service en juin 2019 sur sa ligne phare de Caen-Portsmouth (922 000 passagers, soit 38 % de parts de marché et 280 000 voitures revendiqués). Brittany Ferries attend désormais une proposition concrète de FSG quant à la nouvelle échéance de livraison et informe que les passagers ayant réservé leur voyage sur Honfleur à partir du 9 juillet seront le cas échéant automatiquement transférés sur le Normandie, lequel devait être affecté à la ligne Le Havre-Portsmouth une fois le Honfleur en service.
Le 11e ferry de la flotte de Brittany Ferries (130 remorques de fret ou 550 voitures et 64 remorques de fret, 1 680 passagers), dont la première tôle avait été découpée en mars et la quille posée en août, avait fait l’objet d’une belle opération médiatique en décembre à l’occasion de sa mise à flot à Flensbourg, dans le Nord de l’Allemagne en raison de ses « grandes premières ». « Il sera l'un des plus respectueux de l'environnement opérant sur la Manche et le premier navire français de transport de passagers propulsé au GNL » avait indiqué le président de la compagnie bretonne Jean-Marc Roué, par ailleurs président d’Armateurs de France.
180 M€
Il est en tout cas pour Brittany Ferries le premier navire neuf commandé depuis l’Armorique livré en 2009. Elle y a consacré une enveloppe de 180 M€, financée par la Somanor, société d’économie mixte détenue par l’armement breton associé à des collectivités territoriales, région Normandie notamment, et la Société générale comme partenaire bancaire. Il a également reçu un soutien financier de la Banque européenne d'investissement dans le cadre du programme Green Shipping Guarantee (GSG).
Le chantier allemand FSG Flensburger Schiffbau-Gesellschaft avait été choisi parce que le plan de charge des chantiers STX de Saint-Nazaire était plein, avait expliqué Jean-Marc Roué en début d’année.
Deux autres ferries devraient suivre d’ici 2021, dont un autre propulsé au GNL, mais tous deux ont été commandés auprès du chinois Avic International Weihai et qui seront également immatriculés sous pavillon français et armés avec des marins français.
La compagnie transmanche, qui transporte chaque année 2,6 millions de passagers (dont 85 % de Britanniques) et 40 000 unités de fret entre la France, la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne, doit naviguer dans un contexte de Brexit qui se profile de plus en plus sans accord du Royaume-Uni avec l'UE.
Condamnée à l'indemnisation
Quant à Irish Ferries, elle avait été contrainte par deux fois (en avril et en juin 2018) d’annuler les services du W.B. Yeats « en raison de circonstances extraordinaires indépendantes de sa volonté ». Argument pas recevable, a jugé la NTA estimant que la compagnie a bien enfreint le règlement de l'UE en la matière et devra indemniser ses clients. L’Irlandaise a signifié qu'elle ferait appel de cette décision devant la Cour de justice européenne.
--- A.D ---