Taux de fret toujours en faiblesse. Coût d'exploitation en hausse en raison de l'augmentation du prix du pétrole. Volumes transportés en deçà des attentes. Le groupe A.P. Moller - Maersk vit une année difficile mais les résultats de ce troisième trimestre s'affichent au-delà de ses attentes. Un "mieux" qui le rend plus optimiste quant à ses prévisions pour l'ensemble de l'année.
Mieux que prévu. Le leader mondial du transport maritime avait plutôt mal démarré l’année avec des résultats alors jugés décevants mais s’en sort mieux à l’issue de ce 3e trimestre en dépit d’un environnement toujours contraint par l'augmentation des prix des soutes (+ 46 % au 3e trimestre 2017, selon l’armateur) qui n’a pas pu être complètement compensé par des taux de fret, toujours faibles mais en croissance de 5,5 %. En tout cas, les résultats se sont avérés supérieurs aux attentes du groupe danois qui se dit cependant frustré par les volumes transportés, la demande en conteneurs ayant été plus faible que prévu, notamment sur les routes commerciales les plus empruntées par les porte-conteneurs, entre l'Asie et l'Europe.
A.P. Moller - Maersk a dégagé sur les trois mois, à fin septembre, un bénéfice net de 191 M$ contre une perte de 112 millions sur la même période de 2017. Le chiffre d'affaires consolidé (toutes activités confondues, transport, activité des terminaux, logistique), s'est établi à 10,08 Md$, en hausse de 31 % et de 12 % si on exclue l’armateur allemand Hamburg Süd, qui avait été intégré en fin d’année dernière et dont les coûts d’intégration avaient couté 18 M$ au deuxième trimestre. Mais au final, Maersk s'attend désormais à des synergies d'au moins 500 M$ d'ici 2019 contre 350 à 400 millions évoqués jusqu’à présent. Le transporteur évoque en outre une "intégration évoluant plus rapidement que prévu." Le cumul des neuf premiers mois de l'année fait ressortir une augmentation de 28,1 % du chiffre d'affaires du groupe (28,837 milliards de dollars) et un Ebitda stable, à 2,69 milliards de dollars.
En pleine transformation
"En pleine transformation, nous progressons dans l'intégration de nos activités (...). Notre rentabilité et notre cash-flow s'améliorent sous l'effet positif des surcharges d’urgence, des synergies de Hambourg Süd" (estimés à 150 M$ sur le trimestre, selon Maersk) et de la collaboration entre Ocean et nos activités du terminal", déclare Søren Skou, CEO de A.P. Moller - Maersk.
La société avait annoncé le 17 août dernier, à l’occasion de la présentation de ses résultats trimestriels, qu'elle se séparerait de sa filiale spécialisée Maersk Drilling en vue de l'introduire à la Bourse de Copenhague en 2019, et se recentrer sur son score business, le transport maritime, les services portuaires et la logistique.
La division Ocean - qui comprend les activités de ligne régulière sous les marques Maersk Line, Hamburg Süd, Aliança et SeaLand ainsi que les activités des hub de transbordement exploités sous APM Terminals* mais sans les activités logistiques) - a enregistré un chiffre d’affaire de 7,32 Md$ (contre 5,543 Md$ en 2017, même période). Les volumes ont augmenté de 27 % avec Hamburg Süd, une performance commerciale supérieure à la croissance du marché estimée à 2,7 % mais inférieure aux prévisions, indique Søren Skou. La branche affiche un Ebitda de 925 M$.
Avec 19,9 MEVP, les volumes de transport de Maersk Line ont augmenté de 25,5 %, principalement en raison de l'achat de Hamburg Süd. Sans ces volumes, l'augmentation aurait été d'environ 5 %. Les échanges commerciaux Est-Ouest ont augmenté de 12,1 %, mais les échanges Nord-Sud et intra-régionaux, principale activité de Hambourg Sud, ont augmenté respectivement de 25,5 % et 54,8 %.
La croissance hors Océan a été de 15 %, soit 31 % du chiffre d'affaires total. La branche Services & logistics a ainsi engrangé un chiffre d’affaires de 1,58 Md$ contre 1,471 Md$ un an plus tôt (bénéfice de 48 M$ vs 28 M$). Les activités portuaires et des terminaux affichent un chiffre d’affaires de 932 M$ (890 M$ en 2017) pour un bénéfice de 191 M$ (contre 160 M$).
Année difficile
Pour rappel, à l’issue des trois premiers mois, l’excédent brut d’exploitation était ressorti à 669 M$ (566,8 M€), résultats déjà affectés par une pression à la baisse sur les tarifs de fret et par une hausse des coûts unitaires et attaquant sa rentabilité. Le chiffre d’affaires du groupe pour la période janvier-mars s’affichait alors 9,25 M$.
Au second trimestre, la branche transport maritime du groupe danois limitait l’érosion de sa rentabilité. Mais le coût d’exploitation, lié à l’augmentation du prix du pétrole et la dégradation continue du taux de fret (- 1,2 %), impactait le bénéfice avant impôts, dépréciation, et amortissement (- 23 %) et la marge, ainsi tombée de 15,8 à 9,7 % entre les deux trimestres. Pour ajuster l’offre à la demande, l’offre en capacités avait été réduite de 1,8 % entre les deux premiers trimestres de l'année pour l’ensemble des compagnies du groupe.
Pour l'ensemble de 2018, A.P. Moller - Maersk a dit s'attendre désormais à un EBE entre 3,6 et 4 Md$ contre 3,5 à 4,2 M$ auparavant et à une croissance moyenne du marché entre 3 et 4 % en 2018 tout en prévenant que ces prévisions restent « sujettes à des incertitudes compte tenu du risque de nouvelles restrictions au commerce mondial et d'autres facteurs ayant une incidence sur les volumes, les taux de fret des conteneurs, les prix des soutes et le taux de change ». Il estime que chacun de ces indicateurs peut influencer de 100 à 300 M$ son Ebitda.
Maersk Line détient 17,8 % de la capacité mondiale conteneurisée soit un peu plus de 4 M EVP selon Alphaliner. Sa flotte totalise 709 navires dont 309 en propriété. Il a actuellement 6 navires à son carnet de commandes pour un volume d’un peu plus de 73 000 EVP.
La compagnie, qui a affecté une enveloppe de 80 M$ à l'installation de scrubbers (sans mention du nombre de navires concernés) pour se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation sur le soufre à partir de janvier 2020, ne prévoit pas de commandes de grands navires avant 2020.
--- A.D. ---
* 70 terminaux dont Rotterdam, Maasvlakte II, Algésiras, Tanger, le futur Tanger-Med II, Port Saïd et les joint-ventures Salalah, Tanjung Pelepas et Bremerhaven.