La filiale de forage en mer du groupe danois A.P. Moller-Maersk aura les moyens de faire face à la concurrence après son introduction en Bourse. Propos tenus par son DG en marge d'une conférence sur l'énergie. Retour sur un storytelling estival ...
Nouvel épisode dans le storytelling estival autour de Maersk Drilling. La filiale de forage en mer du groupe danois A.P. Moller-Maersk aura les moyens de faire face à la concurrence après son introduction en Bourse prévue l'an prochain, a déclaré fin août son directeur général, Joern Madsen, à Reuters en marge d'une conférence sur l'énergie.
Maersk Drilling, qui compte BP, Aker BP, Equinor et Total parmi ses principaux clients, et Transocean, Seadrill et Odjfell Drilling parmi ses concurrents, « sera l'un des acteurs du secteur les plus solides en termes de bilan et de carnets de commandes », a rassuré le dirigeant.
A.P. Moller-Maersk, la maison-mère, avait annoncé le 17 août dernier, à l’occasion de la présentation de ses résultats trimestriels, qu'il se séparerait de sa filiale spécialisée en vue de l'introduire à la Bourse de Copenhague, (Nasdaq Copenhague) en 2019, estimant que cette solution « offre les perspectives les plus optimales et de long terme » pour les actionnaires. Il aurait d’ores et déjà sécurisé un financement par emprunt de 1,5 Md$ auprès d’un pool de banques afin de lui assurer « une structure de capital solide » après sa cotation, avait alors été indiqué. Les analystes, dont Bloomberg, jaugent la valeur de l’entreprise dans une fourchette comprise entre 4,4 à 4,8 Md$ (entre 3,79 et 4,13 Md€).
La décision de l’armateur, qui veut se recentrer sur son coeur de métier - la logistique et le transport -, et se désolidariser des activités « énergies », n’a pas véritablement surpris. En août 2017, il avait vendu sa division pétrolière et celle de ses tankers Maersk Oil à Total pour 7,45 Md$ (6,4 Md€). Préalablement en juillet, il avait annoncé avoir cédé (valeur de 1,2 M$, 1,03 Md€) 19,25 millions des 97,5 millions actions qu’il avait reçues du groupe français dans le cadre de la transaction. Avec son solde de 78,3 millions d'actions, il détient désormais un peu moins de 3 % du capital, dont la valeur en titres devrait être, après la scission de Maersk Drilling, redistribuée en « part substantielle » à ses actionnaires.
5 Md$ à récupérer de ses ventes
À l’occasion de ces annonces, Maersk avait par ailleurs précisé qu’il cherchait toujours une solution pour sa filiale de services offshore, Maersk Supply Service. La séparation d’avec Maersk Tankers, Maersk Oil et bientôt de Maersk Drilling devrait rapporter au total au Danois l’équivalent de quelque 5 Md$ (4,3 Md€).
À l’issue du deuxième trimestre, Maersk Drilling avait vu son bénéfice avant intérêts, taxes, dépréciations et amortissements (Ebitda) augmenter de 2 %, soit 159 M$ (137 Md€) pour un chiffre d'affaires en hausse de 5 % à 336 M$ (290 Md€).
Quant au groupe A.P. Moller-Maersk, il avait début août lancé un avertissement sur ses résultats financiers au titre du deuxième trimestre pour revoir à la baisse ses prévisions de bénéfices annuels en raison d'une hausse du coût du carburant estimée à 28 %, commentait alors le directeur général, Søren Skou. Une alerte appréciée manifestement par le marché qui ne l’a pas sanctionné puisque le cours de son action a bondi de 6,44 %. Il faut dire que les investisseurs et les analystes s'attendaient sans doute à cette actualisation (Hapag-Lloyd l’avait précédé de quelques jours). UBS avait d'ailleurs déjà ajusté sa prévision d'Ebitda pour Maersk cette année, à 3,4 Md$ (2,9 Md€). Le groupe prévoit, lui, un excédent brut d'exploitation annuel compris entre 3,5 et 4,2 Md$ (2,9 et 3,6 Md€), alors qu'il tablait par anticipation précédemment sur 4 ou 5 Md$.
Branche maritime ?
Indicateur de rentabilité du secteur, l’Ebitda de la branche transport maritime s’est établi à 674 M$ (580 M€), contre 876 millions un an plus tôt (- 23 %).
Pour stabiliser les taux de fret, l’armateur danois a notamment rationnalisé ses services et ses capacités. L'optimisation de la flotte des compagnies de Maersk (Maersk Line, Safmarine, MCC, Seago Line, Sealand, Hamburg Süd et Aliança) a conduit à une diminution de la capacité totale de 1,8 % entre les deux premiers trimestres de l'année. Il est ainsi parvenu à limiter à 1,2 % la baisse de son taux de fret, tout en engrangeant plus de volumes transportés (+ 26 %), soit 6,8 millions de conteneurs convoyés, dont 1,17 million par Hamburg Süd, acquise fin 2017. Une croissance notamment tirée par les échanges Nord-Sud et les flux intra-régionaux (effet Hamburg Süd).
L’intégration de la compagnie hambourgeoise lui a permis au demeurant d’afficher un chiffre d'affaires en hausse de 25 % au deuxième trimestre, pour atteindre 7 Md$ (6 Md€). À périmètre égal, la hausse du chiffre d'affaires aurait été de 4,3 % tandis que selon le Danois, le marché mondial n’a progressé « que » de 4 % sur la période.
Outre le fait d’améliorer son Ebitda, l'opération aurait notamment généré des synergies équivalant à un gain de 140 M$ (environ 120 M€) au premier semestre 2018 (alors que les coûts de l'intégration annoncés sont de 18 M$ au deuxième trimestre). A minima en 2019, elles devraient atteindraient au total entre 350 et 400 M€ (345 M€ au plus fort), a précisé le groupe danois.
« Les prévisions restent sujettes à des incertitudes dues aux risques actuels sur des restrictions supplémentaires du commerce mondial et à d'autres facteurs affectant les taux de fret des conteneurs, le prix du combustible et les taux de change », a tenu à préciser le groupe, prudent, avant de conclure sa présentation.
Adeline Descamps