Un jour après l'annonce de la reconduction de son alliance avec ONE et Yang Ming mais sous une autre appellation (Premier Alliance) et avec un nouveau partenaire (MSC), le transporteur sud-coréen alimente le récit de la restructuration des alliances. HMM prévoit d'injecter 23,5 milliards de KRW (17,48 Md$) d'ici la fin de la décennie dont 11 milliards de KRW (8,19 Md$) pour porter sa flotte de 78 porte-conteneurs à 130 navires et sa capacité de 868 000 EVP à 1,55 MEVP. Une décision motivée par la volonté de se préparer aux grands mouvements au sein des grandes alliances mondiales, fait valoir la direction de l'entreprise.
Visant à être neutre en carbone d'ici 2045, la compagnie compte parallélement acquérir environ 70 navires bas carbone d'ici 2030. Il est aussi question de 5,6 trillions de KRW pour l'expansion de ses activités dans le domaine du vrac sec et des pétroliers, qui passeront de 36 navires aujourd'hui à 110 navires de 12,56 Mtpl.
Des annonces similaires qui s'enchâssent
HMM n'en est pas à la première annonce choc. Dans la stratégie du transporteur sud-coréen présentée en juillet 2022, avait été annoncé un plan d’investissement de 11,46 Md$ sur cinq ans visant à lui permettre de porter la capacité de sa flotte de porte-conteneurs à 1,2 MEVP, et d’acquérir 26 vraquiers supplémentaires pour atteindre les 55 unités. Le Sud-Coréen a déjà ajouté six vraquiers en 2023 et prévoit d'en introduire 11 autres en 2024 pour atteindre son objectif.
Dans le conteneur, HMM a actuellement l'équivalent de 124 000 EVP en commande, soit 14 navires. Le dernier contrat de construction signé le plus emblématique remonte à ses neuf porte-conteneurs de 9 000 EVP au méthanol confiés à deux constructeurs coréens. HMM y a consacré 1,12 Md$.
La société vient de réceptionner de Hanwha Ocean Shipyard (ex-DSME) le HMM Sapphire et de Hyundai Heavy Industries le HMM Pearl, deux porte-conteneurs de 13 255 et 13 788 EVP (20 rangées de conteneurs). Le HMM Sapphire est la troisième unité d'une série de six sisterships (propulsion conventionnelle avec scrubbers). Le HMM Pearl est la dernière unité de six navires aux caractéristiques quasi-identiques. Ils seront tous déployés a priori sur le service PSX entre la Chine et la côte ouest-américaine via la Corée, une boucle autonome de HMM qui ne fait techniquement pas partie son alliance.
Un premier semestre très profitable
Le transporteur sud-coréen, que l’État actionnaire depuis 2016 était déterminé à mettre en vente il y a encore peu de temps, a réussi son premier semestre sur un plan financier avec 3,64 Md$ de recettes, 840 M$ de résultat net (+ 88 % par rapport au premier semestre 2023) et un bénéfice d'exploitation de 778 M$ (+ 125 %). La marge d'exploitation ressort à 21,1 %, soit un niveau particulièrement élevé.
Pour le troisième trimestre, le chiffre d'affaires de la société est attendu à 2,38 Md$ et le bénéfice d'exploitation à 763,82 M$, ce qui représenterait une croissance de 50 % et de 1 251 % respectivement par rapport à l'année précédente.
Privatisationn capotée ?
Après avoir lancé la procédure de privatisation de la compagnie nationale en janvier 2023, les deux principaux actionnaires de HMM – la banque publique Korea Development Bank (KDB, 20,7 % du capital) et Korea Ocean Business Corp (KOBC, 19,9 %) –, ont étonnamment porté leur participation à 59,1 %, contre 57,9 % précédemment. Ce n’est qu’un énième mouvement dans le dossier de l'armateur sud-coréen, dont la privatisation semble être abandonnée. Le groupe Harim, dont l'offre avec une société de capital-investissement locale avait été retenue par les banques d'État, s'est retiré de l'opération.
Adeline Descamps