Affrètement : vers un plateau dans les tarifs mais pour un marché sans navires

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Avoir avoir crevé tous les plafonds, les tarifs d’affrètement semblent vouloir faire la pause. Du moins ils atteignent un pic, assurent les analystes. Plus justement, ils se stabilisent par rapport aux semaines précédentes...mais à un niveau exceptionnel élevé. Il n’y a de toute façon quasiment plus d’unités disponibles au-dessus de 4 000 EVP en 2021. 

Il y a encore deux semaines, certains prix avaient provoqué une forme de stupeur. Les navires aux spécifications les plus élevées mais de petit gabarit pouvaient atteindre jusqu’à 200 000 $/j à l’affrètement pour des emplois sur une courte durée. Tel le Synergy Oakland (4 253 EVP) affrété pour 60 à 85 jours à 200 000 $/j. Les taux d'affrètement des porte-conteneurs ont plus que quadruplé depuis le début de l'année selon Clarkson Research Services, en dépassant de 128 % le précédent pic de 2005. Les panamax se négocient à 110 000 $/j alors qu'ils n'étaient que de 6 000 $/j en juin 2020, faisait valoir la société.

Toutefois, début septembre, Alphaliner avait déjà observé un certain pallier dans les tarifs affichés, en particulier pour les panamax classiques de 2 800 à 3 800 EVP ainsi que pour les unités de 1 500 à 1 900 EVP.

Ce pic se confirme « avec des prix qui plafonnent de plus en plus, en particulier pour les affrètements de longue durée », assure aujourd’hui le spécialiste du marché du conteneur. Mais les navires plus récents, les petits tonnages de moins de 1 000 EVP et les affrètements de courte durée (jusqu'à six mois) continuent d'enregistrer des gains importants.

Offre quasi inexistante

Paradoxalement, si les prix se stabilisent, la demande de navires reste robuste et l’offre toujours tenue à une jauge de très faible niveau. Les rares navires qui se libèrent n’ont pas le temps de connaître le chômage. Quelle que soit leur taille, ils repartent en mer. Il n’y a quasiment plus d’unités disponibles au-dessus de 4 000 EVP en 2021. 

En témoigne l’absence de transactions observées au cours des deux dernières semaines dans la plupart des segments de taille. Il n'y a pas eu de nouveaux contrats d'affrètement pour des porte-conteneurs dans la catégorie des 7 500-11 000 EVP. Les derniers, qui remontent donc au-delà de quinze jours, ont été négociés à 65 000 $/j pour des engagements de... 60 mois. 

Dans la catégorie des 5 300 à 7 499 EVP, c’est le même vide. Parmi les derniers mouvements de marché, qui remontent aussi à plusieurs semaines, une unité de 6 350 EVP fixée à 75 000 $/j pour un contrant d’un mois et demi.

Taux de chômage à zéro

Le taux de chômage est à zéro chez les 4 300-5 499 EVP en raison de leur rareté persistante. Toutefois, c’est bien chez les panamax qu’est observée une stabilité dans les prix depuis plusieurs semaines pour des emplois de 36 et 60 mois, conclus à 40 000-50 000 $/j.

La pénurie de navires continue aussi de limiter le volume d'activité dans le segment des 3 000-3 800 EVP. Mais les prix pratiqués pour ces navires n’excèdent plus les 40 000 $/j pour des affrètements de 40 à 42 mois voire jusqu'à 48 mois.

Seuls les 2 000-2 699 EVP continuent de s’échanger, avec 13 transactions ces quatre derniers semaines. Mais là aussi, les prix atteignent leur pic (33-35 000 $/j), en fonction de la durée de l'engagement (36 ou 40 mois) et des spécificités du navire. Car les Chittagong, par exemple, et les périodes courtes restent sous tension, à la hausse.

Un système qui s’auto-alimente

La congestion portuaire alimente le système et offre peu de signes d’amélioration avant le premier trimestre 2022, conviennent la plupart des autorités portuaires concernées, les arriérés peinant à être jugulés. Surtout sur la côte ouest-américaine. Mais selon certaines compagnies, les ports nord-européens, pourtant moins médiatisés, ne sont pas mieux lotis.

Les perspectives favorables de l’environnement de marché encouragent en outre la course aux capacités. « L'achat de navires reste une option sérieuse pour de nombreux transporteurs, bien que la disponibilité des navires à vendre s'amenuise également, en particulier dans les grandes tailles », confirme Alphaliner.

Corrélation entre tarifs d’affrètement et taux de fret

Un plafonnement des tarifs d’affrètement pourrait être de bon augure pour ceux qui achètent de la capacité de transport sur le marché spot car d’avis d’experts, les deux sont corrélés. 

Si les tarifs atteignent un plateau, il n’en demeure pas moins que les propriétaires de flotte, détenteurs d’une offre, ont largement exploité cette position de force sur le marché ces derniers mois pour bétonner des contrats, taillés à leurs conditions : des tarifs et des durées anormalement élevés pour sécuriser au maximum leur trésorerie et amortir au plus vite les investissements conséquents consentis dans l’achat de navires.

Les compagnies maritimes, qui affrètent, seront ravies d’apprendre que les tarifs vont s’assagir pour un produit qui n’existe plus. 

Adeline Descamps

 

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