Lors de l'audience du 1er octobre dernier, le parquet avait requis 5 000 € d'amende contre les cinq militants écologistes, qui étaient poursuivis pour non-respect d'un arrêté préfectoral maritime restreignant la navigation dans la rade du port du Havre et de la convention anti-collision pour des faits d'abordage. Il avait requis la relaxe pour un photographe et un vidéaste, journalistes indépendants, présents sur une embarcation semi-rigide destinée à la presse lors de l'opération menée par Greenpeace. Le représentant du parquet avait également demandé la relaxe pour toutes les poursuites liées à l'abordage, à l'exception d'un pilote de bateau. Ils ont été relaxés le 10 décembre par le tribunal correctionnel du Havre.
Accueil dans l'humeur
Le FSRU Cape Ann, unité flottante de stockage et de regazéification de GNL, arrivé le 18 septembre au Havre, avait été accueilli par une flottille de semi-rigides de Greenpeace visant à empêcher le méthanier long de 283 m de s’arrimer au quai de Bougainville Sud, en continuité de l’actuel terminal roulier, où il devait se positionner pour une durée de cinq ans.
Le méthanier, d'une capacité de 145 000 m3, affrété par TotalEnergies auprès de l’armateur norvégien Hoegh LNG, est le premier terminal d'importation de GNL non terrestre dans l'Hexagone, qui s'approvisionnait jusqu'alors en gaz naturel liquéfié via ses quatre terminaux méthaniers opérés par Elengy (deux à Fos-sur-Mer, un à Montoir-de-Bretagne, et un à Dunkerque), consolidant un peu moins de 27 Mt par an.
Exploitation pas nécessaire
Selon Greenpeace, l'exploitation de ce terminal n'était pas nécessaire au vu de l'approvisionnement en gaz naturel de la France et de son impact sur le changement climatique. Les sept prévenus avaient été interpellés après leur retour au port, à quai ou en ville, confondus par leurs vêtements marins. Tous ont reconnu leur participation à cette action.
De son côté, l'association Robin des Bois avait, elle, alerté en amont. « Il impose aux méthaniers qui l’alimenteront un parcours de 8 km à travers des bassins longeant un stockage de 4 millions de m3 de pétrole et produits raffinés, le terminal croisière, des quartiers résidentiels et le franchissement de l'écluse François 1er ». L’annonce du projet avait été par ailleurs précédée par plusieurs recours, sa raison d'être et son cadre réglementaire dérogatoire ayant été contestés.
Le cadre réglementaire des FSRU, qui stocke et regazéifie le GNL, transbordé depuis un méthanier pour ensuite livrer du gaz naturel haute pression à terre, déroge au cadre général s’appliquant aux installations terrestres, elles assujetties à la directive Seveso seuil haut. Ce que dénonce aussi l’ONG.
Adeline Descamps