La force navale de l'Union européenne créée pour patrouiller et escorter les navires dans les détroits de Bab el-Mandeb et d'Ormuz, ainsi que dans les eaux internationales de la mer Rouge, du golfe d'Aden, d'Oman et Persique, doit plus que doubler de taille en raison de l'escalade des attaques des rebelles houthis du Yémen, a déclaré le chef de l'opération, a indiqué dans un entretien à Bloomberg, le contre-amiral grec Vasileios Gryparis, qui assure le commandement général de l’opération.
Connue sous le nom de mission Aspides (« bouclier » en grec ancien), la mission européenne s'appuie sur quatre frégates qui, depuis son lancement en février pour une durée d'un an, ont fourni une « assistance rapprochée » à 164 navires, abattu plus d'une douzaine de drones et détruit quatre missiles balistiques antinavires, a-t-il ajouté.
L'avertissement de montée en puissance dans les attaques, lancé le mois dernier par les Houthis, a accru les risques, estimé l'amiral Gryparis, qui était à Bruxelles cette semaine pour solliciter des ressources supplémentaires de façon à accroître le rayon d'action géographique.
40 ou 50 navires dans le détroit
« Nous n'avons pas beaucoup de moyens et la zone que nous devons couvrir est vaste », a-t-il déclaré. Il y aurait quotidiennement 40 ou 50 navires qui empruntent le détroit dans un sens ou dans l'autre. « Dans certains cas, nous ne sommes pas en mesure d'assurer cette protection rapprochée ».
Il ne s'agit pas d'adopter une position plus conflictuelle, a-t-il insisté, soucieux de rester dans les clous de la mission établie : le mode défensif.
Depuis le 12 juin, la mer Rouge a été le théâtre d'au moins trois nouvelles attaques dont une s'est soldée par la perte d'un marin de nationalité philippine et du vraquier Tutor qui a coulé avec son chargement de charbon. Un marin a été blessé par ailleurs grièvement sur un autre vraquier, le Verbana.
Le chef de l'opération ne semble pas croire à la dissuasion par les répliques armées aux attaques. Il fait allusion à la force militaire déployée depuis décembre sous la houlette de Washington, allié à Londres. « Nous ne pensons pas que frapper les Houthis puisse résoudre le problème. D'autres pays ont tenté des actions similaires il y a quelques années et d'autres le font encore, et nous constatons que cela ne contribue pas à résoudre le problème ».
A.D.
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