Plusieurs sociétés et une vingtaine de navires dans le collimateur des États-Unis

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Les États-Unis ont ajouté en fin de semaine dernière de nouvelles compagnies maritimes à leur liste noire au titre des sanctions visant l'Iran. Plusieurs d’entre elles sont basées en Asie et aux Émirats arabes unis. Les départements du Commerce, du Trésor et de la Justice se sont associés pour mieux détecter les stratégies de contournement des sanctions.
 

Une vingtaine de navires supplémentaires, opérés par plusieurs sociétés ayant leur siège en Asie (Chine et Vietnam), aux Émirats arabes unis et en Iran, se retrouvent dans le collimateur de l'Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor américain pour avoir contourné les sanctions contre l'Iran, et notamment le transport de pétrole et de produits pétroliers, sous embargo depuis 2018 à la suite d’une décision de l’administration de Donald Trump.

Pour mémoire, depuis le 8 mai 2018, l’Iran a basculé sur la liste noire des pays commercialement infréquentables depuis depuis le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, décidé par le président d’alors, Donald Trump. Cette seule décision de Washington aura suffi pour ramener le niveau des sanctions à celui qui existait avant la conclusion en 2015 du fameux pacte « historique » de l’Iran avec le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), lequel devait garantir le caractère civil du programme nucléaire iranien en soumettant le pays à un strict contrôle de ses activités en contrepartie de la levée partielle et progressive des sanctions économiques internationales.

Washington interdit depuis cette date à toute entreprise traitant avec Téhéran de faire du business outre-Atlantique, le couperet s’appliquant à longue liste de biens et services, tels que les énergies, les minerais, les matières premières, les opérateurs portuaires, le transport maritime, la construction navale et les transactions pétrolières.

Six entreprises mise en cause 

Le département d'État a désigné cette fois six entreprises parmi lesquelles les compagnies chinoises Global Marine Ship Management et Shanghai Xuanrun Shipping avec ses filiales, mais aussi la Vietnamienne Golden Lotus Oil Gas and Real Estate Joint Stock, accusée de s’être engagée en connaissance de cause dans une transaction importante pour le transport de produits pétroliers en provenance d'Iran.

Les sociétés Swedish Management, Shiraz Petrochemical et Bushehr Petrochemical sont également mises en cause pour la vente de produits pétrochimiques en provenance d'Iran.

« Les États-Unis sont déterminés à réduire considérablement les exportations énergétiques iraniennes et sanctionneront ceux qui facilitent le commerce du pétrole et des produits pétrochimiques de l'Iran », a justifié le secrétaire d'État américain Anthony Blinken dans un communiqué de presse.

Impatience américaine

Selon les analystes, ces derniers coups de butoir des États-Unis font suite à une série d'actes hostiles de la part de l'Iran et traduisent la « frustration croissante » quant au peu d’avancées sur le dossier nucléaire. Il y a un an, à la même époque, les parties prenantes semblaient proche d’un accord pour une reprise des négociations entre les grandes puissances.

Mais la guerre en Ukraine a chamboulé cette perspective. Depuis, les inquiétudes n'ont cessé de se renforcer aux États-Unis, en Europe et dans certains pays du Moyen-Orient comme Israël. Le chef de la CIA, William Burns, s'est récemment inquiété de l'avancée fulgurante du programme nucléaire iranien, jugeant qu'il « suffirait de quelques semaines pour atteindre les 90 %, si le pays décidait de franchir cette ligne. »

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), des particules d'uranium enrichies à 83,7 %, soit un peu moins des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique, ont été détectées dans l'usine souterraine de Fordo, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Téhéran. L'Iran, déjà rappelé à l’ordre en novembre dernier par les Nations unies pour son manque de coopération concernant des traces d'uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, s'est justifié en faisant état « de fluctuations involontaires » au cours du processus d'enrichissement et en assurant « n'avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60 % ». 

Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, était attendu à Téhéran le 3 mars pour des échanges avec son homologue iranien sur le programme nucléaire.

La Russie dans le viseur

Ces derniers mouvements interviennent alors que le pays espère toujours une levée, même partielle, des sanctions internationales, qui asphyxie son économie et ne permet pas les investissements étrangers. 

Parallèlement, Washington s'alarme de la montée en puissance de la coopération militaire entre l'Iran et la Russie, Téhéran étant accusé de fournir des drones utilisés en Ukraine et Moscou, de fournir du matériel militaire de pointe à l'Iran

Les départements américains du Commerce, du Trésor et de la Justice se sont associés pour mieux détecter les intermédiaires tiers qui permettent de contourner les sanctions. Parmi les « signaux d'alarme » à surveiller, selon eux, figurent l'utilisation de sociétés fictives, les modifications apportées aux documents de transport ou de paiement, la réticence à partager des informations sur la destination finale ou l'utilisateur du produit. Cette surveillance accrue vise aussi les transactions qui impliquent initialement la Russie ou le Belarus.

Adeline Descamps

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