Les annonces de niveaux records portuaires n’ont plus vraiment de sens, a fortiori pour des données mensuelles. Les volumes actuels s’établissent par rapport à une année pandémique à une période où la crise commençait à se traduire par des verrouillages de l’économie sur toute la planète. L’an dernier à la même époque, les restrictions étaient à leur maximum.
Comme dans la plupart des hubs mondiaux, le port de Singapour annonce un « niveau record » en mars, en hausse de 2,3 % sur un an avec 3,3 MEVP. Plus intéressant, l’Autorité portuaire de Singapour (MPA) indique que les problèmes de congestion s'atténuent et que le temps d'attente des navires s’améliore de mois en mois.
Selon les données du logiciel de flux commerciaux cFlow de S&P Global Platts, le nombre de navires amarrés pendant plus de deux jours est tombé à 49 en mars, contre 52 en février. En temps ordinaire, le temps d'attente moyen au port de Singapour est d'environ cinq à six heures. Avec la crise, il est plus proche des deux à trois jours. Le transfert d'un nombre important de cargaisons du port malaisien Port Klang et sri-lankais Colombo serait à l’origine de l’engorgement du port de la Cité-État, est-il avancé.
Une hausse de 6 %
Pour accélérer le cadencement et gérer l'augmentation des coûts opérationnels qui découlent de la congestion, le port de Singapour a annoncé une augmentation des frais portuaires mais en deux temps. Dans une première phase, qui prendra effet à partir de janvier 2022, les frais portuaires augmenteront d'environ 6 % pour les navires marchands et passagers stationnant entre deux et quatre jours à Singapour pour le chargement ou le déchargement.
La phase 2 prendra effet à partir de janvier 2023. L’augmentation des droits portuaires concernera alors les navires à quai pendant un jour ou moins, non seulement pour charger ou décharger des cargaisons et débarquer ou embarquer des passagers, mais aussi pour s’avitailler ou changer d'équipage. Les droits portuaires pour un navire entrant à Singapour pour deux jours s'élèveront à 8,50 $ par 100 tonnes brutes, contre 8 dollars $.
Dernière révision en 2014
« Les perturbations dues à la pandémie entraînent des coûts supplémentaires mais les taux des droits portuaires faisaient l'objet de discussions depuis deux ans », justifie tout en modérant Quah Ley Hoon, PDG de la MPA, à la veille de la semaine maritime de Singapour qui débute le 19 avril.
La dernière révision des droits portuaires remonte à 2014. Les redevances portuaires financent l'entretien des chenaux, des mouillages et le système de gestion du trafic maritime, qui sont essentiels à la sécurité de la navigation des usagers du port, rappelle la direction portuaire.
Vaccination prioritaire des marins
À l’occasion de cette annonce, Singapour, qui fut le premier port à effectuer un changement complet d’équipage l’an dernier au moment où les marins ont toutes les peines du monde à se faire relever en raison des restrictions de déplacement, fait valoir que tous les employés portuaires auraient été quasiment vaccinés.
Le pays n'insiste pas pour que les membres d’équipage soient vaccinés avant de débarquer dans ses terminaux portuaires mais en revanche, promeut la collaboration mondiale pour une vaccination prioritaire des gens de mer. Une démarche qui fait actuellement l’objet de tractations entre l'Organisation maritime internationale (OMI) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Nous ne voulons pas anticiper sur quoi que ce soit, mais lorsque cette collaboration aura lieu, Singapour fera sa part du travail », a indiqué la MPA.
Adeline Descamps