Rotterdam : recul généralisé des trafics au cours des neuf mois de 2023

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Boudewijn Siemons

Le directeur d'exploitation du port de Rotterdam depuis 2010 assure l'intérim de la direction générale jusqu'à l'arrivée d'un successeur à Allard Castelein.

Crédit photo ©port de Rotterdam
Boudewijn Siemons, qui assure l'intérim à la direction générale du port de Rotterdam jusqu'à la nomination d'un successeur à Allard Castelein, peut difficilement s'enorgueillir des performances portuaires. Vrac sec, vracs liquides, roulier, conteneur, marchandises diverses, peu de trafics échappent au repli sur les neuf premiers mois de l'année.

Les trafics du port de Rotterdam pour les neuf premiers mois de l’année tels qu’ils se donnent à lire de façon brute ne prêtent pas à l'enthousiasme.

Le vrac sec est encore en perte de 11,9 % (à près de 53 Mt) par rapport à la même période de l’an dernier, certains trafics étant lourdement sanctionnés à l'instar du charbon (- 16,8 %) et de tous les autres segments (- 53,6 %), en dehors de l’agroalimentaire (+ 40,7 %) et du minerai de fer (+ 6,8 %).

Or, les flux générateurs de gros tonnages sont plutôt dans la catégorie des pertes  comme le charbon (18 Mt), traduisant le fait que les centrales électriques ont utilisé moins de charbon, sans doute au profit du gaz. « Par conséquent, plusieurs centrales électriques au charbon sont restées à l'arrêt au cours des derniers mois », précise la direction portuaire.

En revanche, les volumes de minerai de fer et de ferraille repassent au-dessus de la barre des 20 Mt bien que la production d'acier a chuté. « Au cours des derniers mois, les hauts fourneaux ont fonctionné régulièrement et les stocks de minerai ont été reconstitués », justifie le port.

Quant à l’incroyable performance des trafics agroalimentaires, que la sémantique des ports nord-européens nomme « agribulk », elle serait faussée par des données biaisées et la croissance serait plus proche de 5 %. « En réalité, elle tient à l'augmentation des importations de soja en provenance d'Amérique du Sud », peut-on lire dans le communiqué.

Des vracs liquides, tous à repêcher

Pétrole brut, produits pétroliers et autres vracs liquides s’inscrivent tous dans le négatif mais dans une limite inférieure à 5 %, si bien que l’ensemble du segment limite la casse avec des volumes en retrait de 2,4 %.

Mais les vracs liquides assurent toujours les rentes du port néerlandais avec 154,2 Mt sur neuf premiers mois de l’année. Le brut reste le roi avec un peu plus de 78 Mt, mais en repli de 1,9 % en raison de l'augmentation des travaux de maintenance des raffineries, qui ont réduit l'approvisionnement en pétrole brut.

La surprise vient du GNL, qui campe sous la barre des 9 Mt et stagne (+ 0,4 %), à contre-courant de l’engouement de l’Europe pour le gaz naturel liquéfié. Le premier trimestre s’était soldé par une hausse de 16,4 % des flux de GNL en provenance des États-Unis.

Manifestement, la perte du diesel russe n’a pas été compensée. Les produits pétroliers se sont contractés de 3,1 %.

Le conteneur toujours sur une trajectoire qui dévisse

En ce qui concerne le conteneur, Rotterdam avait été à la peine au cours du premier semestre au même titre que ses concurrents directs. Le trafic conteneurisé a chuté de 12 % en moyenne sur l’ensemble du range Nord.

Durant les six premiers mois de l'année, les flux de conteneurs traités à Rotterdam (6,7 MEVP) avaient chuté de  8,1 % par rapport à la même période de l'année précédente. En cause, la baisse des importations d'Asie et le manque à gagner des trafics à destination et en provenance de la Russie.

Le troisième trimestre n’a pas permis au premier port européen de redresser la barre si bien que le volume de boîtes traités est en retrait de 7,2 % en nombre de conteneurs vingt pieds et dépasse de justesse les 10 MEVP (10,2 MEVP).

Difficultés du roulier

L’ensemble des marchandises diverses sont aussi à la peine (- 6 %, 24,9 Mt), résultant des difficultés du roulier, qui passe sous la barre des 20 Mt (19,8 Mt) en raison d’une baisse de 3,8 % des volumes, témoignant de la perturbation persistante des trafics post-Brexit.

Tous les autres sous-segments reculent de 13,7 % mais les tonnages sont plus marginaux (5 Mt). En cause, « la réduction des dépenses de consommation, des stocks importants et de la baisse des investissements », est-il précisé.

329,9 Mt

Au total, le trafic global du port néerlandais ressort en déficit de 6 % sur les trois premiers trimestres avec 329,9 Mt contre 351 Mt au cours de la même période en 2022. Les conteneurs et le charbon, compte tenu de leur poids, tirent l’ensemble vers le bas.

« Comme nous l'avions prévu, les volumes des neuf premiers mois sont inférieurs à celui de l'année dernière, mais il est conforme à nos prévisions », balaie Boudewijn Siemons, directeur de l'exploitation depuis 2020 qui assure l'intérim à la direction générale. « Ils sont la conséquence directe du ralentissement généralisé et des tensions géopolitiques qui pèsent sur le commerce mondial et la production industrielle », explique-t-il.

Le dirigeant cumule, depuis le 15 juillet, les deux directions et il en sera ainsi jusqu'à la nomination d'un successeur à Allard Castelein, qui a quitté ses fonctions cet été après avoir assuré la direction générale pendant près de 10 ans.

Porthos sur les rails

Au troisième trimestre, le projet Porthos, dont le port néerlandais est une des trois parties prenantes avec les entreprises publiques néerlandaises du gaz EBN (Energie Beheer Nederland) et Gasunie, a franchi une étape importante.

Le site de stockage de CO2, sous la mer du Nord dans d’anciens sites d’extraction de gaz naturel, a été approuvé par le Conseil d’État néerlandais, clôturant les procédures de recours menée par une association environnementale. La construction pourra donc commencer dès 2024 pour un début des opérations en 2026.

Le CO2 sera capté sur différents sites du port de Rotterdam, notamment auprès d’Exxon, de Shell ou encore d’Air Liquide, grâce à 30 km de pipelines installés à travers le port. Il sera ainsi acheminé vers une station de compression située sur la Maasvlakte, au nord du port de Rotterdam. Là, il sera compressé à 35 bars avant d’être acheminé par pipeline jusqu’au site d’enfouissement sous-marin.

Le champ gazier utilisé pour ce stockage, qui se situe à environ 22 km au large du port de Rotterdam, n’est pas le seul pour lequel l’État néerlandais a des projets d’enfouissement de CO2. Le projet Aramis, dans lequel TotalEnergies est impliqué, comprend le transport par navire de CO2 liquéfié jusqu’au port de Rotterdam. La capacité d’enfouissement pourra atteindre 8 Mt par an.

Identifié comme le plus grand projet de capture et de stockage du carbone en Europe, Porthos porte la promesse de réduire les émissions de carbone dans la zone portuaire de 10 % par an lorsqu'il sera opérationnel en 2026.

Adeline Descamps

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