Nouveaux records pour China Merchants Ports, qui doit sa performance aux trafics conteneurisés mais surtout à ses terminaux étrangers, dont les huit installations de Terminal Link. Le bilan est plus mitigé pour le singapourien PSA et le chinois Cosco Shipping Ports.
Dans l’univers de la manutention portuaire asiatique, les opérateurs s’en sortent paradoxalement mieux à l’étranger que quand ils jouent à domicile, territoire pourtant tiré par un immense marché intérieur et une économie performante. Parmi ceux qui, ont à ce jour publié leurs résultats, le numéro six mondial, China Merchants Port, est celui qui a enregistré le meilleur exercice en 2000 avec un trafic de 122 MEVP et 450 Mt de vrac en 2020 contre 111,72 MEVP et 449 Mt en 2019.
Grâce à une hausse de 7,9 %, le nombre de boîtes traitées en 2020 fait bien mieux que l’exercice précédent (+ 2,4 %). Le manutentionnaire doit ces résultats à ses terminaux à l’étranger avec une augmentation de 38,1 % à 28,78 MEVP. L’acquisition des huit terminaux de Terminal Link, coentreprise de China Merchants Port et de CMA CGM, n’y est pas étrangère. L’armateur français a en effet cédé les participations qu’il détient dans une dizaine d’installations portuaires à Terminal Link. China Merchants Port est également en croissance (+ 1,9 %) au Colombo International Container Terminal (CICT) et au Paranaguá Container Terminal (+ 7,4 %). Même à Hong Kong et Taiwan, l’opérateur est parvenu à limiter la casse : le trafic cumulé de 7,14 MEVP est en légère baisse par rapport aux 7,21 Mt de 2019.
La situation en Chine est plus problématique. Les volumes ont chuté, de 85,76 à 83,67 MEVP, portés par Shenzhen West Port dont le trafic approche les 10,58 MEVP (+ 3,6 %), un nouveau record établi grâce à un rebond de l’activité au cours du second semestre. Zhanjiang Port Group s’en sort également bien avec une croissance de 10 % (1,22 MEVP), en lien avec le développement substantiel du cabotage et du transport mer-rail. Enfin, le port de Shantou a bondi à 1,87 MEVP, signant l’envolée la plus forte de tous les ports de Chine (+ 39,6 %). Une performance à mettre en regard avec l’extension du terminal de Guangao.
Entrée en vigueur de l’accord de libre échange Singapour-UE
PSA, croissance limitée
La performance du numéro un mondial avec ses 86,6 MEVP déçoit par sa faible croissance. Les volumes du groupe ont augmenté de 1,7 % en 2020 par rapport à 2019. Dans son fief, le manutentionnaire est en repli de 0,9 %, à 36,6 MEVP tandis que l’activité dans ses terminaux internationaux a augmenté de 3,7 % pour atteindre 50 MEVP. Les trafics ont stagné mais pas suffisamment pour dissuader Singapour de mettre en sommeil son méga terminal à conteneurs à Tuas, dont l'opérateur prévoit de lancer les premiers postes à quai cette année.
« Il y a eu des perturbations importantes dans les chaînes d'approvisionnement qui ont provoqué des encombrements dans différents ports du monde. Cela a affecté les temps d'attente des navires et la productivité des ports », justifie le ministre d'État aux transports Chee Hong Tat. Le représentant de la Cité-État s’attend à ce que « les chaînes d'approvisionnement deviennent plus complexes et que les clients accordent une plus grande importance à la fiabilité et la flexibilité. Ces tendances ne sont pas forcément mauvaises pour un port pivot comme Singapour, qui se bat avec des arguments de connectivité et de qualité de service supérieures plutôt qu’avec des prix cassés ».
Cap sur l’intermodalité
Singapour cherche désormais à améliorer la connectivité intermodale, « solution moins chère que le fret aérien et plus rapide que le fret maritime. » Durant l’année 2020, le deuxième port mondial a eu l’occasion de les expérimenter, notamment pour gérer les afflux de viandes réfrigérées, dont les importations explosent en Chine. La pénurie de capacités de fret aérien dans la région a imposé Singapour comme une alternative pour les chargeurs qui souhaitaient atteindre les marchés d'Asie du Sud-Est et d'Australie.
Le port vient notamment de conclure un partenariat avec le centre logistique national et zone de libre-échange Batam, en Indonésie, pour déployer une nouvelle solution intermodale de fret express. « Les marchandises de grande valeur et sensibles au temps, comme les composants électroniques fabriqués à Batam, sont d'abord transportées par mer jusqu'à notre port, avant d'être acheminées par camion jusqu'à l'aéroport pour être acheminées par avion vers d'autres pays ».
Les volumes de Cosco Shipping Port gagnés par la crise
Cosco Shipping Ports, en légère baisse
L'opérateur chinois COSCO Shipping Ports (CSP) a traité un volume annuel non consolidé de 101,8 MEVP à comparer avec les 102,7 MEVP de 2019. CSP a enregistré des trimestres négatifs tout au long de l'année dans presque toutes ses régions d'exploitation chinoises, à deux exceptions près : la côte sud-ouest grâce aux installations du golfe de Beibu et le delta de la rivière des Perles à Yantian, Guangzhou et Hong Kong, qui ont renoué avec la croissance au troisième et au quatrième trimestre accompagnant la reprise des exportations chinoises.
Le portefeuille de terminaux à l’étranger a de nouveau permis à CSP d’absorber les mauvais résultats par ailleurs même si certaines perles portuaires – Le Pirée, Ambarli, Singapour et Busan – ont décéléré. La moindre performance a été compensée par la dynamique à Port Saïd, Seattle et Anvers et par la forte montée en puissance du terminal de Khalifa à Abu Dhabi.
A.D/ T.J