Los Angeles a la taxopathie aiguë

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Les compagnies maritimes pourraient bientôt se voir infliger une amende de 100 $ par jour pour leurs conteneurs vides. Le port le plus congestionné au monde avait fait une annonce similaire fin octobre pour les conteneurs à l’importation. La situation sur la côte ouest californienne montre peu de signes d’apaisement. 

Le port de Los Angeles agite à nouveau la menace de la sanction, cette fois pour les conteneurs vides. Fin octobre, les ports californiens de Long Beach et Los Angeles, qui figurent parmi les plus congestionnés au monde, avaient annoncé une pénalité financière pour les conteneurs à l’importation qui stationnent trop longtemps sur les quais. Pour ceux qui doivent être évacués par la route, les compagnies auraient dû payer à partir du neuvième jour et pour ceux qui empruntent le rail, à partir de trois jours. Le montant initial de 100 $ par conteneur et par jour devait ensuite augmenter par tranches de 100 $ pour chaque jour suivant (c'est-à-dire 200 $ pour le deuxième jour, 300 $ pour le troisième et ainsi de suite).

Baisse de 53 % depuis l’annonce de la mesure

Cependant, la simple menace avait opéré. Le port a retardé l'entrée en vigueur de cette taxe, prévue initialement pour le 1er novembre, et mise en attente jusqu'au 10 janvier en raison des progrès obtenus dans la résorption des conteneurs abandonnés. Le nombre de conteneurs d'importation depuis plus de neuf jours dans le port de Los Angeles aurait diminué de 53 % depuis l’annonce de la mesure. Les grands chargeurs ont rapidement improvisé des parcs de stockage à l’extérieur du port tandis que les compagnies ont multiplié les navires balais pour récupérer les vides. Le ralentissement des flux après les fêtes de fin d’année et l'accumulation de navires au large ont sans doute contribué à minimiser le phénomène d’empilement.

100 $ par conteneur vide

Cette fois, il a été convenu entre la direction portuaire et John Porcari, le représentant dépêché par la Maison Blanche pour remédier à la problématique congestionune nouvelle redevance pour traiter cette fois l’amoncellement des conteneurs vides, reconnu par tous comme le principal responsable de l'engorgement des terminaux. La taxe, soumise à l'approbation de la commission portuaire de Los Angeles, entrera en vigueur le 30 janvier si elle est validée par la commission portuaire de Los Angeles lors de la prochaine réunion de son conseil d'administration, le 13 janvier.

Selon le même principe, les compagnies maritimes devront payer 100 $ pour un conteneur vide qui reste à quai pendant neuf jours. Elle augmentera ensuite de 100 $ par jour supplémentaire.

Terminaux saturés 

La partie est complexe. Les terminaux sont si saturés qu'ils n'acceptent plus de boîtes vides ou exigent des transporteurs routiers qu’ils récupèrent une boîte en contrepartie. Il en résulte que nombre d’entre eux se retrouvent avec un conteneur vide sur la remorque, appelée châssis, ce qui limite la disponibilité de cet équipement pour effectuer des ramassages dans les ports. 

Dans une interview à un média américain le 4 janvier, Gene Seroka, le directeur général du port de Los Angeles, a indiqué que 71 000 conteneurs vides se trouvaient dans les terminaux, auxquels s'ajoutent 10 000 EVP dans les parcs aménagés pour soulager la pression dans les terminaux. Plus des deux tiers des boîtes avaient un temps de séjour de neuf jours ou plus.

Initiative isolée

À la punition, CMA CGM a préféré l’incitation. L’armateur français est à l’initiative d’une proposition, qui pourrait lui coûter 22 M$. Il offre, depuis le 1er décembre et pour une durée de 90 jours, une remise aux importateurs américains qui récupèreraient leurs conteneurs en merchant haulage dans « l’ensemble des terminaux à Los Angeles et Long Beach » au cours des huit premiers jours suivant leur déchargement. La ristourne peut aller jusqu'à 200 $ par conteneur, à savoir 100 $ par conteneur pour une collecte de jour du lundi au vendredi et 200 $ par conteneur pour une collecte de nuit et pendant les week-end.

105 porte-conteneurs en route

Au-delà, la situation montre quelques signes d’apaisement. Selon les données de Marine Exchange of Southern California, il n'y a plus que 16 navires au mouillage ou dans un rayon de 70 km dans la baie de San Pedro. Mais 89 porte-conteneurs « traînent » ou naviguent lentement dans un rayon d’action plus large autour des terminaux californiens. Toutefois, grâce au nouveau système de mise en file d'attente, sur les 17 porte-conteneurs arrivés ces derniers jours, tous sauf un ont eu accès directement aux terminaux.

Lors d'un point de presse le 5 janvier, John Porcari en a convenu : « la pandémie a mis à nu la réalité sous-jacente d’une chaîne d'approvisionnement sous pression qui préexistait avant la crise sanitaire. Nous devons apporter des changements pour construire une chaîne d'approvisionnement plus résiliente. »

Nouvelle menace sanitaire

Dans un entretien à CNN, Gene Seroka s’est aussi prêté à la confidence : « Le système s'est enrayé parce que beaucoup de grands distributeurs sont passés d'une gestion des stocks "en temps réel" à une gestion "au cas où". Ils ne voulaient pas être supplantés par leurs concurrents dans leur approvisionnement ». 

Ces derniers jours, une autre menace s’est invitée sur les quais des principaux terminaux à conteneurs américains de Long Beach et Los Angeles. Une épidémie de coronavirus se propage parmi les dockers et le personnel d'encadrement, ce qui a amené certains manutentionnaires à réintroduire les restrictions sanitaires. Une centaine de dockers ont déjà été testés positifs. 

Adeline Descamps

 

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