La situation s’est dégradée en quelques jours. À Tianjin, dont le port est une des locomotives portuaires mondiales avec ses 18,35 MEVP, la détection de deux cas avait provoqué un dépistage massif auprès des 14 millions d’habitants que compte la mégapole. Il y a une semaine, 41 personnes avaient été déclarées positives, 31 présentaient des symptômes et 10 autres considérés comme asymptomatiques selon les données officielles.
En fin de semaine, les autorités chinoises faisaient état de 143 cas, dont la majorité dans la province centrale du Henan et à Tianjin. Les constructeurs automobiles Toyota et Volkswagen ont arrêté temporairement la production. Airbus, qui y a basé depuis 2017 son centre de finition et de livraison de gros-porteurs (notamment A350-900) sur le même site que la chaîne d’assemblage final de la famille A320, n’a pour l’heure pas suspendu les chaînes.
Le point sur Ningbo, Tianjin, Shenzhen : Les taux de fret renouent avec les pics sur certaines routes
Horaires limités et accès contraints
Le port de Tianjin a pour sa part renforcé les restrictions notamment dans ses accès. Les conteneurs à l’import ne sont plus acceptés et les livraisons par camions disposent d’horaires plus limités. La ville fait l’objet d’une vigilance particulière de la part des autorités car elle se situe à 140 km de la capitale chinoise, qui accueillent les JO à partir du 4 février.
À Ningbo, après la détection de quelques cas chez un fabricant de prêt-à-porter de Beilun, les terminaux restent opérationnels mais les accès portuaires ont été été limités aux services de transport routier, des routes ont été bloquées et des entrepôts et usines ont également suspendu leurs expéditions et livraisons. Les navires se détournent de plus en plus vers Shanghai et Xiamen alors que Dalian est concerné à son tour par le variant Omicron.
Le terminal de Shekou à Shenzhen (22 millions d’habitants) a commencé à restreindre l'acceptation des marchandises. Depuis le 14 janvier, les conteneurs pleins ne peuvent plus être acheminés par camion que trois jours avant l'arrivée des navires, a indiqué l'opérateur du terminal.
En Europe du Nord
En Europe du Nord, à l’exception du port britannique de Felixstowe, où les délais d'attente pour l'accostage des navires atteignent sept à dix jours, les ports affichent des retards de un à quatre jours, d’après le décompte de Maersk. Il faut compter deux à trois jours pour accoster au North Sea Terminal Bremerhaven et à l’Eurogate d’Hambourg. Un à trois jours sont requis pour accéder à Maasvlakte II de Rotterdam. À Anvers, le MPET (MSC-PSA Europa terminal), qui a connu jusqu'à 10 jours d'attente la première semaine de janvier, voit sa situation nettement améliorée puisque le délai a été ramené à deux jours.
Outre-Atlantique, 103 navires avec 147 000 EVP chargés attendaient au mouillage de Los Angeles et de Long Beach le 7 janvier selon le Marine Exchange of Southern California, dont les données suivent les mouvements de navires. Plus inquiétant, près de 800 dockers étaient déjà indisponibles le 10 janvier, selon la Pacific Maritime Association, pour des raisons liées au virus, en quarantaine ou en attente des résultats des tests.
Une douzaine de navires n’ont pas pu être pris en charge faute de personnels suffisants. La direction du Yusen Terminals LLC à Los Angeles avait signalé, dès les fêtes de fin d’année, une pénurie de main d’oeuvre réduisant la productivité de l’infrastructure d'environ 20 %.
A.D.