DP World a manutentionné 79 MEVP l’an dernier dans l'ensemble de son portefeuille de terminaux à conteneurs (une soixantaine). Une donnée à mettre en regard avec les quelque 860 MEVP traités dans les ports au niveau mondial. Le groupe portuaire termine son exercice annuel en légère hausse de 1,4 % et de 2,8 % à périmètre constant. Tout en contraste avec les 10 % de l’année exceptionnelle que fut 2021 bien qu’aussi perturbée en fin d’année à la nuance près que la sous-performance s’expliquait alors par l’incapacité à répondre à une demande forte.
La période d’octobre à décembre, qui totalise de 19,5 MEVP, en légère contraction de 0,4 %, a clairement tiré vers le bas le 5e manutentionnaire mondial, reflétant le ralentissement généralisé de l’économie mondiale et la persistance d’une inflation qui a eu raison de la confiance des consommateurs et donc de la demande de transport.
En fin d’année, comparé à l’ensemble de l’exercice, deux des trois régions se sont affichées en faiblesse à commencer par le large périmètre Europe, Moyen-Orient et Afrique (avec le terminal « maison » Jebel Ali) en repli de 5,6 % alors que la chute est limitée sur l’année (- 1,6 %) avec un total de 31,61 MEVP. Si cette zone reste celle où le groupe détient le plus de parts de marché mondial (36,5 % au Moyen-Orient, 8,4 % en Europe et 6 % en Afrique selon Drewry), c’est en Asie et dans le sous-continent indien qu’il enregistre les flux les plus importants (35,6 MEVP), en hausse de 3,1 % sur l’année (et de 3,8 % au dernier trimestre), la seule qui ait maintenu son rythme tout au long des quatre trimestres.
Faible en conteneurs manutentionnés (11,7 MEVP), le continent américain et l’Australie offrent à la filiale de Dubai World, sa plus forte croissance, de près de 5 % en 2022. La progression n’est en revanche « que » de 1,5 % au dernier trimestre, nouvelle démonstration de la décélération de fin d’année.
Meilleure tenue pour le « terminal maison »
En meilleure posture, le terminal phare de l’opérateur émirati, Jebel Ali, peine toujours à retrouver sa dynamique d’antan avec une faible évolution de 1,7 % sur l’année. L’infrastructure reste néanmoins puissante au sein du portefeuille avec 14 MEVP mais est à la peine depuis quelques années, ne décollant plus vraiment, quand elle n’est pas en retrait. Elle a toutefois réalisé un sans-fautes l’an dernier, engrangeant une croissance de près de 2 % chaque trimestre.
Au niveau des actifs, Djeddah (Arabie Saoudite), Angola (Angola), Sokhna (Egypte), London Gateway (Royaume-Uni), Constanta (Roumanie), Caucedo (République Dominicaine), Posorja (Equateur), DP World Santos (Brésil) et tous les ports en Australie (Brisbane, Sydney, Fremantle et Melbourne) restent des valeurs sures, et certains d’entre eux de façon discontinue depuis quelques exercices.
Au niveau consolidé, les terminaux de DP World totalisent 46,1 MEVP (+ 1,5 % en glissement annuel).
Prudence en 2023
Pour 2023, Sultan Ahmed Bin Sulayem, le PDG de DP World, propriété du gouvernement de Dubaï, est prudent. « Comme prévu, les taux de croissance se sont modérés au dernier trimestre de 2022 en raison d'un environnement économique plus difficile. En ce qui concerne 2023, nous nous attendons à ce que notre portefeuille continue de générer de la croissance, mais les perspectives restent quelque peu incertaines en raison de la hausse de l'inflation, des taux d'intérêt plus élevés et de l'incertitude géopolitique ».
DP World revendique 8,9 % de parts de marché mondial derrière Cosco SP (12,9 %), APM Terminal (10,8 %), PSA (10,7 %) et Hutchinson Ports (10 %). En 2021, les activités de manutention avaient généré 70 % de son bénéfice avant impôts et charges (Ebitda) et 50 % de son chiffre d’affaires tandis que le conteneur contribue à 45 % de ses revenus. L’ensemble des terminaux de l’opérateur public de Dubaï consolident une capacité nominale 92 MEVP.
Adeline Descamps