Le port de Marseille Fos a retrouvé en 2022 son niveau d’avant pandémie

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Le port phocéen a soldé l’année 2022 sur un volume de 77 Mt. Toutes les filières, à l’exception des vracs solides, sont au vert. Le conteneur, avec 1,53 MEVP enregistre une légère croissance de 3 % par rapport à 2021. Les importations de GNL ont offert aux vracs liquides un regain de dynamique.

« On a hérité d’une période compliquée en 2022, avec la fin de la crise sanitaire, l’inflation galopante, l'explosion des taux de fret et des matières premières, la guerre en Ukraine, la crise énergétique mondiale », énumère Hervé Martel, le président du directoire du Grand port maritime de Marseille(GPMM). Dans cette période chahutée, l’année 2022 aurait pu se solder par un trafic en stagnation. Mais le port phocéen s’en sort avec une croissance de 3 % par rapport à 2021 pour s’établir à 77 Mt. Soit mieux que 2019, sa référence d’avant-crise.

« Tous les voyants sont au vert », ajoute le patron du port, qui présentait les résultats annuels pour la  première fois aux côtés du nouveau président du conseil de surveillance, Christophe Castaner.

Cette croissance a été portée par une hausse modeste des marchandises diverses ayant atteint 21 Mt et celle plus affirmée des vracs liquides qui se sont chiffrés à 45 Mt. En revanche, les vracs solides, à 11 Mt, ont tiré vers le bas les tonnages.

Dans les grandes masses, Marseille Fos traité 45 Mt de vracs liquides (+ 5 %), avec un boom notable des importations de GNL (8,5 Mt) comme dans tous les ports, 20 Mt de marchandises diverses (+ 1 %) et 10 à 12 Mt de vracs solides (- 3 %), pénalisés par l’activité sidérurgique.

Une année bipolaire 

Mesure étalon des grands ports, le conteneur, à 1,53 MEVP, dont 230 000 EVP acheminés par train (+ 4 %), est considéré par la direction portuaire comme un « bon score » si on le compare aux « résultats du range Nord où il a baissé partout ». Si l’année s’était poursuivie sur la trajectoire de croissance du premier semestre, le GPMM aurait fini son exercice sur une hausse de 5 à 6 %. Mais la stratification des crises et l’inflation ont fini par avoir raison de la baisse de la consommation, se matérialisant à un moment donné par celle du transport. « Mais ce taux reste un des plus importants des quinze premiers ports européens », nuance Hervé Martel.

En 2022, la connectivité de Marseille Fos a bénéficié de l'ouverture par MSC en septembre d'un service feeder hebdomadaire sur l'Espagne baptisé Shuttle, du lancement d’un nouveau service de CMA CGM lancé vers l'Algérie et les ports turcs tandis que la ligne Medwax sur l'Afrique de l'Ouest a été rouverte en fin d'année.

Un report modal très progressif

La part de la route recule, passant sous la barre des 80 %, dans le transbordement des boîtes. Á Fos, la part modale par le train a dépassé 17 %.

« L’hinterland s’approfondit. La réalisation d’un train-test d’autoroute ferroviaire par Cargobeamer depuis le Terminal roulier Sud (TRS) à destination de Calais en septembre 2022 a démontré la faisabilité de ce type de desserte à Marseille qui est un pôle roulier euroméditerranéen  en croissance, souligne Hervé Martel. CMA CGM a aussi ouvert deux lignes ferroviaires dès janvier 2022 reliant Fos et Marseille à Duisburg en Allemagne. »

Le fluvial régresse

En revanche, le fuvial a patiné l’an dernier avec 66 000 conteneurs transportés par barges, en repli de 10 % par rapport à 2021. La part modale passe sous la barre des 5 %. En revanche, le transport de vracs solides (+ 17 %, 645 000 t) et liquides (+ 6 %, 931 000 t) sur le feuve progresse, soit 2,1 Mt (+ 4,5 % par rapport à 2021).

Le concept d’un grand port reliant Marseille à Lyon est vu comme l’une des solutions pour davantage de multimodalité sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée, « naturel et d’évidence » et que le président Macron appelle de ses vœux. 

Dynamique du transport des véhicules 

Sur le front du roulier, le GPMM a enregistré une hausse de 7 % de son nombre de remorques, à 240 000 unités (il y en avait 190 000 en 2015), tirés notamment par le Maghreb.

L’exercice pour le transport de véhicules neufs a été particulièrement favorable (+ 17 %), les taux d’affrètement des car-carriers en témoignent. « L’activité est étroitement liée à celle des usines marocaines, que ce soit Tanger pour Renault ou Kenitra (nord de Rabat) pour Stellantis », indique Hervé Martel/

La manne du GNL

Les vracs liquides (+ 5 %) ont affiché en 2022 à Marseille-Fos la plus forte croissance. Il s'agit de la filière qui a tiré le plus profit de la guerre en Ukraine. Avec ses terminaux Tonkin et Cavaou, le GPMM s'est vu attribuer le rôle de fournisseur national en matière de gaz. Une opportunité qui lui a permis de voir ses flux import de GNL bondir de 43 % par rapport à 2021, à 8,5 Mt. Le sourcing s’est aussi modifié l’an dernier, élargi aux gaz américain et norvégien en complètement des imports traditionnels d’Algérie et du Qatar.

Les vracs solides plombés par la hausse des matières premières et des énergies

Toujours à la peine en raison des volumes sidérurgiques, les vracs solides ont encore dévissé de 3 %. La conjoncture a impacté les imports de minerai de fer par ArcelorMittal. L'arrêt d'un des deux hauts-fourneaux du sidérurgiste à Fos a également tiré le segment vers le bas. Il va falloir patienter en attendant la réouverture de cette unité. Si Hervé Martel n’a aucune inquiétude sur la reprise des trafic, il convient que 2023 sera encore une année à régime réduit.

Toutefois, la chute aurait pu être plus importante si le port phocéen n'avait pas vu débarquer sur le terminal minéralier quelques lots de houille. Les arrivages de ferraille sur le terminal de Caronte ont en outre permis à ce segment de voir son volume progresser de 7 % comparé à 2021. 

60 M€ investis

Quant aux passagers, à 3 millions, leur nombre a représenté l'an dernier le double de celui de 2021. Sur cet effectif, la moitié a voyagé sur des lignes régulières. Les ferries affectés au Maghreb et à la Corse ont transporté 800 000 et 700 000 passagers respectivement. Á noter la forte progression (27 %) des voyageurs sur l'Algérie par rapport à 2019, la dernière année où ils avaient pu se rendre dans leur pays avant d'en être privés par la crise sanitaire.

Avec 1,43 millions de voyageurs, la croisière se remet lentement mais il manque encore 400 000 croisiéristes par rapport au niveau de 2019. Cette filière, qui représente toujours, selon la formule du dirigeant, « une activité annuelle en dos de chameau » (à savoir un pic au printemps et un pic à l'automne), a été portée par 573 escales de paquebots.

Avec un chiffre d'affaires de 190 M€, en augmentation de 16 % comparé à 2019, le port phocéen a pu investir 60 M€. Avec toujours pour fil conducteur, l'accompagnement de la croissance des trafics et en toile de fond, la conversion à la transition énergétique.

Vincent Calabrèse

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