Huit zones franches portuaires vont être opérationnelles en Angleterre. Leur rôle pour créer de l’emploi de qualité et assurer le développement économique des territoires sur lesquels elles sont ancrés a été reconnu. L’information a été délivrée par le ministre des Finances anglais dans le cadre de la présentation du budget à la chambre des Communes.
Le Chancelier de l'Échiquier Rishi Suna – auteur lui-même d’un rapport sur les ports francs produit il y a quelques années – a annoncé que Londres allait créer huit zones défiscalisées dans des ports répartis dans l’ensemble du pays : East Midlands, Felixstowe/Harwich, Liverpool, Humber, Plymouth, Solent, Thames et Teesside. Les entreprises, qui s’y implanteront, bénéficieront de réductions fiscales et de procédures douanières simplifiées.
Des négociations sont par ailleurs en cours pour installer d’autres zones franches en Écosse, aux Pays de Galles et en Irlande du Nord. En février 2020, le gouvernement de Boris Johnson avait fait de la création de ces huit ports francs l'une de ses promesses de campagnes. Il entendait les axer sur l’innovation et des technologies vertes.
En quittant l’UE, le Royaume-Uni n’est plus soumis au tarif douanier commun qui s’applique à l’importation de marchandises aux frontières extérieures de l’UE. Il est libre de sa fiscalité quant à ses échanges avec le monde, sans avoir à respecter les règles de l'UE sur les aides d'État.
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Large consultation
Concrètement, dans ces zones échappant au territoire douanier, les marchandises ou matières premières destinées à être réexportées ou à être transformées y sont exonérées de droits de douane, jusqu’à ce qu’elles en sortent. Une consultation de plusieurs semaines avait été lancée en février 2020 en vue d’établir une cartographie avec pour objectif qu’elles soient opérationnelles en 2021.
« Au lieu de faire une confiance aveugle aux ports francs, le Chancelier ferait mieux de s'assurer que l'accord sur le Brexit fonctionne pour les entreprises manufacturières britanniques, alors qu’elles font face à davantage de bureaucratie, et pour nos services financiers », a réagi le leader de l'opposition travailliste Keir Starmer.
Les ports francs n'aideront pas l'économie britannique
Lla British Ports Association (BPA), l’association représentant les ports et terminaux britanniques, se félicite de cette première sélection mais espère que « les propositions des ports non sélectionnés soient reconsidérées », indique Richard Ballantyne, directeur général de la BPA. « Il est important que soit reconnu à leur juste valeur le rôle fondamental que jouent les ports pour ancrer du développement économique et fixer des industries. Le gouvernement doit désormais réfléchir à la manière dont il peut étendre bon nombre de ces avantages ailleurs s'il veut sérieusement mettre en œuvre son programme de nivellement par le haut. »
Consultée dans le cadre de la vaste consultation, la BPA prônait un modèle beaucoup plus large que la simple exemption de droits de douane, en y intégrant des mesures qui bénéficieraient aux ports britanniques et sans plafonner le nombre de zones spéciales à créer.
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23 M€ pour l’éolien offshore
Il y aurait aujourd’hui plus de 80 ports francs dans l’UE mais il n’y en avait aucun dans le royaume de sa Majesté. Sous les mandatures de Margaret Thatcher, quelque 38 zones franches avaient été désignées dans des régions en désindustrialisation.
Outre les ports francs, le budget britannique a prévu d’allouer 20 M£ (23,2 M€) pour le développement de parcs éoliens offshore dans le Teesside et le Humbe et 5 M£ (5,8 M€) pour un centre d'hydrogène au Pays de Galles.
Adeline Descamps