Le 23 janvier, une dizaine de chefs d’entreprises portuaires ont signé la nouvelle Charte de transition écologique de la place portuaire qui se substitue à la Charte de développement durable datant de 2015, « avec des ambitions encore plus fortes, en s’appuyant sur le référentiel de l’AIVP », précise Valérie Fernandes, vice-présidente du conseil de développement du port.
L’Association internationale villes et ports (AIVP) a en effet proposé en 2018 son Agenda 2030 pour des villes portuaires durables.
Au total, quinze entreprises implantées dans l'enceinte portuaire, représentant différents secteurs d’activité (silos céréaliers, ciment, chantier naval, transport routier, expert maritime, etc.), se sont engagées dans une nouvelle démarche.
42 actions pour la transition
Le document signé le 23 janvier par Bruno Delsalle, directeur général de l'AIVP, Michel Puyrazat, directeur général du port, et Francis Grimaud, président de l’Union maritime qui représente les entreprises du port de La Rochelle, comprend 42 actions, de la protection de la biodiversité à la mise en place de boucles d’écologie industrielle, en passant par l’adaptation au changement climatique ou la mobilité durable.
La précédente charte avait fédéré 27 entreprises signataires. D'après l'évaluation réalisée en 2021, les objectifs avaient été atteints pour 67 % des engagements pris.
Des investissements portés de 9 à 40 M€
« Le port devra se doter d’un plan d’action précis pour coller aux objectifs de la nouvelle charte, précise Michel Puyrazat. Certains investissements qui y sont liés ont déjà été engagés, et d’autres le seront pour aller plus loin. »
Outre les engagements financiers en faveur de la transition énergétique, le GMP de La Rochelle a déjà prévu, pour les années à venir, un niveau d’investissement « sans précédent » selon son directeur général. Les sommes en jeu sont passées à de 9 à 23 M€ entre 2022 et 2023 et devraient atteindre 40 M€ en 2024.
Dragages et déroctages
Un dragage des différents sites du port de La Pallice a été entamé en mars 2023, qui se poursuit désormais avec un déroctage en cours jusqu’en mars 2024. Objectif : parvenir à une profondeur minimale de 10 m pour tous les bassins du port et 14,5 m pour les souilles. Le prélèvement de matériaux atteint 700 000 m³.
Les éoliennes d’Yeu-Noirmoutiers passeront par La Pallice
Un des principaux sites rochelais concernés par les travaux en cours est celui de La Repentie. En 2023, 5 M€ y ont été dépensés pour réhabiliter le viaduc du môle d’escale sur 400 m et implanter une dalle à colis lourds au-dessus des pipelines. Les travaux sur la voie d’accès au môle d’escale vont durer quatre années.
La Repentie va aussi accueillir une plateforme multimodale, à usage civil et militaire, qui verra ses voies ferrées allongée et sera dotée de deux nouvelles voies.
À l’anse Saint-Marc, 4,6 M€ ont été investis pour achever la troisième plate-forme. Ces travaux sont directement liés au développement de l’éolien offshore. C’est en effet sur ses quais et plateformes qu’ont transité les éoliennes installées en 2021 et 2022 au banc de Guérande. C’est aussi par là que passeront, à partir de mars 2024, les monopieux et les pièces de transition des 62 éoliennes du champ d’Yeu-Noirmoutiers.
Préparer l’éolien flottant
« Pendant 18 mois, le port sera occupé pour l’éolien posé à Yeu-Noirmoutiers, indique Michel Puyrazat. Nous nous préparons déjà pour le marché d’après-demain, celui de l’éolien flottant, qui se fera vraisemblablement avec des champs plus importants. »
Pour l’éolien flottant, les ports de Nouvelle-Aquitaine ont été retenus en 2023 suite à une appel à manifestation d’intérêt lancé par l’État. La Rochelle y travaille donc avec Bayonne, Bordeaux et Rochefort.
Pour cette technologie, qui équipera les prochains champs offshore, les besoins en espaces portuaires sont énormes pour construire et mettre à l’eau les flotteurs. La nouvelle plateforme de la Repentie offrira les surfaces nécessaires.
« Les terre-pleins resteront disponibles pour d’autres activités que l’offshore, précise Francis Grimaud. Pour l’éolien terrestre, par exemple, les importations de pièces de plus de 90 m de long sont de plus en plus nombreuses. »
Outre ces aménagements cernant l’éolien offshore, l’année 2024 sera aussi celle du début des travaux de construction de Chef de Baie 4. Ce nouveau quai de 160 m, le quatrième sur ce site, sera mis en service en 2026 avec ses 5 ha de terre-plein.
Étienne Berrier