La crise sanitaire a particulièrement affecté le port allemand au cours du premier semestre 2020. « Les six premiers mois ont été marqués par l’arrêt de nombreux secteurs économiques, la faiblesse de la demande en biens de consommation et la baisse de la fréquence des liaisons régulières, rappelle Axel Mattern, membre du directoire en charge des relations commerciales au sein de l’organisme de promotion du port, Hafen Hamburg Marketing (HHM). À Hambourg, cela s’est traduit par une chute des trafics de plus de 10 %. Nous sommes ravis que le second semestre ait permis un retournement de situation, limitant le recul en 2020 à un chiffre. » La forte reprise du quatrième trimestre (+ 3 %) a toutefois permis à Hambourg de limiter les pertes l’an passé même si l’activité conteneurs a déçu en fin d’année, avec un recul de 1,2 % au quatrième trimestre.
Au final, le trafic global dans le port hanséatique aura chuté l’an passé de 7,6 % sur un an à 126,3 Mt. L’activité par secteurs fait apparaître une série de replis : - 7,9 % pour les marchandises diverses (87,8 Mt) ; – 6,7 % pour le vrac (38,5 Mt) ; - 7,9 % pour les conteneurs (8,5 MEVP) ; - 5,8 % pour les liaisons avec l’hinterland ; - 11,6 % pour le transbordement.
Panorama des 25 premiers ports à conteneurs mondiaux en 2020
Retrait des échanges avec la Chine, son trafic phare
Motif de satisfaction pour Hambourg, les échanges conteneurisés avec les États-Unis ont progressé en 2020 de 1,8 % et ceux avec la Grande Bretagne de 28,2 %, tandis que l’activité avec la Chine a reculé de 8,2 %. « Le fort niveau d’activité avec le continent américain [591 000 EVP, NDLR] est d’autant plus surprenant que l’activité économique y a particulièrement souffert du Covid, se réjouit Ingo Egloff, membre du directoire de HHM en charge des relations institutionnelles. Le record d’activité avec la Grande Bretagne, à 266 000 EVP, est lié à la hausse de la demande pour le marché allemand et à une augmentation des livraisons vers le Royaume Uni à la veille du Brexit. » Pour prévenir les possibles engorgements aux frontières, les détaillants britanniques ont commandé massivement en décembre de façon à constituer des stocks.
La pandémie impacte les importations de Hambourg
2,6 MEVP en report modal
En 2020, le transport ferroviaire entre le port maritime et son hinterland a représenté un volume de 46,6 Mt et 2,6 MEVP. « La baisse de 4,4 % des conteneurs transportés par le rail a été considérablement moins importante que celle du trafic conteneurs dans son ensemble », tient à ajouter HHM. Le rail a encore augmenté sa part dans la répartition modale, grignotant 1,3 % pour s’établir à 50,7 %, confirmant une fois de plus la force des ports nord-européens : leur capacité à desservir en profondeur les bassins de consommation de leur arrière-pays.
Hambourg se montre confiant pour l’avenir, malgré la publication mi-février d’une étude alarmante commandée par la société gestionnaire du port, HPA, qui revoit à la baisse les perspectives de développement pour le secteur des conteneurs.
Le box de croisement sur l’Elbe est achevé
Un potentiel revu à la baisse
Le potentiel de Hambourg ne serait plus que de 9,5 à 13 MEVP à l’horizon 2035, au lieu des 20 à 30 MEVP espérés jusqu’ici. Soucieux d’améliorer leur compétitivité, les différents acteurs du port ont massivement investi pendant les mois creux de la pandémie.
Les exploitants allemands des terminaux d’Hambourg, HHLA et Eurogate, ont ainsi installé de nouveaux portiques capables de traiter de très gros porte-conteneurs pour lesquels les travaux d’élargissement et d’approfondissement de l’Elbe ont bien avancé. « Les travaux seront achevés d’ici la fin de l’année, assure le sénateur pour l’Économie et l’Innovation de Hambourg, Michael Westhagemann. C’est un signal important pour nos clients internationaux et une condition indispensable pour continuer à jouer dans la catégorie des très gros ports européens. »
Nathalie Versieux