Confinement puis déconfinement… Pour les loueurs de voitures en Corse, c’est la sortie de route. N’ayant pas été en mesure d’anticiper le retour massif des touristes sur l’île de Beauté, ils doivent désormais, en urgence, organiser en quelques semaines ce qui habituellement prend trois à quatre mois. Au cœur de cette chaîne logistique multimodale, Corsica Linea.
Chaque année aux premiers jours de mars, des voitures rutilantes arrivent sur les quais phocéens. Les « auto-commerce », comme on les appelle dans le jargon portuaire, marquent la préparation pour les loueurs de voiture de la haute saison en Corse. Cette fois, en raison de la pandémie et du confinement, les chaînes de production des constructeurs automobile ont été stoppées, les loueurs corses ont annulé leurs commandes. Et puis avec le déconfinement de la France, intervenu mi-mai, et la reprise progressive des vols, les touristes ont fait de la Corse leur destination refuge. Une fois sur place, ils ont découvert la pénurie de véhicules de location.
En quelques jours, constructeurs, transitaires, transporteurs ont mis en place une logistique d’urgence. Corsica Linea a réarmé, le 4 juin, le Méditerranée, qui ne dessert plus l’Algérie jusqu’à nouvel ordre, pour effectuer deux voyages vers Bastia et Ajaccio avec à bord 750 véhicules par voyage. Les véhicules ont été chargés à Barcelone où se trouve une des usines Renault. Une opération spot pour gagner un temps précieux. Habituellement les véhicules arrivent de l’usine francilienne de Flins par camion ou par le rail.
A Nepita : Corsica Linea change ses plans pour son 8e navire
De 38 000 à 20 000
« Nous avons mis en œuvre tous les moyens navals possibles pour pallier la pénurie. Chaque semaine, en ce moment, nous transportons 600 à 800 véhicules sur nos navires. À fin août nous aurons transporté 6 000 véhicules. Certes c’est beaucoup moins que les années précédentes mais nous devons faire preuve d’une très grande réactivité et agilité aux côtés de Gefco, de la CAT et Transcausse », explique Patrick Gadient, directeur fret de Corsica Linea. Après une première triangulaire le 10 juillet entre Marseille-Île Rousse-Bastia pour livrer en urgence 450 voitures, le A Nepita appareillera une nouvelle fois de Marseille ce 14 juillet avec un volant de 450 véhicules à nouveau. Une course contre la montre pour les équipes aussi bien en mer qu’à terre. « Ce que nous avons réussi à faire relève du miracle. Les ports corses étant saturés, les véhicules sortent de Bastia la nuit. C’est une vraie logistique car il faut expertiser chaque véhicule, apposer les plaques d’immatriculation et traverser Bastia pour livrer les loueurs », ajoute Patrick Gadient qui cette année a vu passer un nombre considérable de Zoé. La petite électrique de Renault surfe sur la vague post-covid. En 2019, Corsica Linea avait transporté 38 000 véhicules. Cette année, la compagnie maritime devrait en acheminer un peu moins de 20 000.
Nathalie Bureau du Colombier