Une scénographie parfaite, au soleil couchant, pour des annonces maritimes lâchées à la veille de son arrêt programmé au port de Marseille.
« On sera sur le terrain demain avec les élus et les dockers », a défié Emmanuel Macron, qui s'exprimait devant un parterre de chefs d’entreprises locaux au terme de sa deuxième journée-marathon à Marseille le 27 juin. Une réponse au chantage de la CGT Dockers qui a menacé de débrayer si le président français s'aventurait sur les quais. Ils entendent ainsi démontrer une mobilisation intacte contre une réforme, celle des retraites, qui ne passe toujours pas bien que votée.
Déluge d'annonces
Le président français a terminé la journée comme il l'a démarrée, par une rafale d’annonces tous azimuts. « Je souhaite aller plus vite sur les métiers de l’économie bleue. Nous allons accompagner Aix-Marseille Université pour développer une école dédiée à l’économie bleue, sur les terrains du port à l’Estaque », a-t-il déclaré tout en gratifiant CMA CGM de son soutien. Pour rappel, l’armateur, son incubateur Ze Box et l'université d'Aix-Marseille sont déjà associés dans un projet au sein de la Cité de l’innovation et des savoirs d’Aix Marseille (Cisam).
Quelques heures plus tôt, le président Macron avait fait une halte au siège marseillais de l'armateur pour déjeuner avec son patron, Rodolphe Saadé.
Nouvelle enveloppe de 150 M€ pour le port
Au concours des annonces, le Grand Port maritime de Marseille aura gagné une nouvelle enveloppe de 150 M€ « pour la poursuite de l’électrification des quais d’ici à 2027 ».
L’annonce présidentielle de la soirée reste à préciser sachant que, le 20 juin dernier, son ministre Clément Beaune, a annoncé 75 M€ dans le prochain contrat de plan État-Région destinés à financer la poursuite de l’équipement en courant de quai des navires mais aussi la reconstitution, à Mourepiane, des capacités ferroviaires de la gare du Canet appelée à fermer.
Il s'agit déjà d'une forte augmentation des investissements pour l’établissement portuaire dont le précédent CPER plafonnait à 45 M€.
Vers le grand port Lyon-Marseille
Sans surprise, Emmanuel Macron est revenu sur le sujet de l’intégration des ports de l’axe Rhône-Saône-Méditerranée qui doit tendre vers la création d'un grand port Lyon-Marseille.
Le chef d'État a réitéré sa volonté d’accélérer le report modal, fleuve et rail, sans toutefois entrer dans le détail de la méthode. « Ce que nous avons réussi à faire de Paris au Havre lors de mon premier mandat, nous allons le faire grâce au projet MerS Méditerranée-Rhône-Saône qui nous permettra d’aller jusqu’en Bavière », s'est-il emballé.
« Le gigantisme, un modèle daté »
Arguant que le modèle des autres ports de la Méditerranée, « basé sur le gigantisme », était un peu « daté », le président français vise la « réindustrialisation de la France en se basant sur la transition énergétique ». À plusieurs reprises, il évoquera la « réconciliation de l’économie avec l’écologie ».
Il est par ailleurs revenu sur le « barreau d’hydrogène », H2 Med, le projet d’hydrogénoduc, depuis le Portugal, transitant par l’Espagne et remontant jusqu’en Allemagne via le sillon rhodanien.
Sans renoncer aux formules faciles, il entend « faire de Marseille-Fos la plaque tournante des nouvelles énergies » citant le projet Carbon de production de panneaux solaires.
À propos des câbles sous-marins et de la position stratégique de Marseille en tant que point d'atterrage et 7e hub mondial d'échange de données, il a averti : « pas de data center sans énergie décarbonnée ».
Le port vient tout juste de délivrer l’autorisation à Digital Realty France de construire son quatrième data center sur le port.
Deux ans après l’annonce du projet Odysseo en faveur de la préservation de l’écosystème méditerranéen, le président de la république a annoncé son « amarrage au port en 2024. Ce sera un lieu de culture, d’écologie et d’éducation ».
Nathalie Bureau du Colombier