Avec 44 Mt au 31 décembre 2023, le trafic global de Dunkerque Port accuse une baisse de ses flux de 10% par rapport à 2022. « La conjoncture économique actuelle et l’arrêt ou perturbation de certaines productions expliquent ce résultat », a précisé Daniel Deschodt, directeur général adjoint, lors du rendez-vous annuel sur les résultats du port le 19 janvier.
« Tous les ports européens, pas seulement français, sont en retrait en 2023. Dunkerque reste un port fiable et performant où les projets se poursuivent. Nous ne sommes absolument pas inquiets pour l’avenir ».
Il en veut pour preuve la hausse du chiffre d’affaires de 5,2 % à 107 M€ en 2023 avec une répartition à peu près égale – « l'équilibre faisait partie de nos objectifs » –, entre les droits de port (44 %) et les revenus du domaine (45 %). Le solde (11 %) relève de la catégorie « autres ».
Un port largement autofinancé
« Les capacités de financement avoisinent les 50 %, a ajouté Maurice Georges, président du directoire. Le port, c’est 30 000 emplois directs, indirects et induits, ainsi que 3,7 Md€ de valeur ajoutée ».
Pour l’année 2024, la prudence est pour l’instant de mise compte tenu des tensions économiques et géopolitiques qui ne fléchissent pas. « Les perturbations et les difficultés se poursuivent », a lâché Daniel Deschodt.
Marchandises diverses : - 5 %
Avec 18 Mt (- 5 %), les marchandises diverses représentent 40% de l’activité de Dunkerque en 2023.
Le roulier, fret à destination de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, s'est replié de 4 % l'an dernier avec 450 000 unités, le point le plus bas, selon le responsable. À l’inverse, le tourisme se porte bien avec 350 000 véhicules (+ 13 %) et 1,6 million de passagers (+ 18 %).
2023 est la première année pleine de reprise après les années de pandémie.
Conteneurs : - 10 %
Comme partout, le conteneur est à la peine avec 670 000 EVP, mettant un coup de canif dans dix années de croissance ininterrompue. Le trafic avec l’hinterland terrestre est du coup mis en lumière, affichant une hausse de 11 %, une performance sur laquelle le port avait communiqué dès le dernier trimestre.
Vracs solides : - 12 %
Avec 14,3 Mt (- 12 %), les vracs solides constituent un tiers de l’activité de Dunkerque. Trois segments sont à la peine : les minerais de fer (6,4 Mt, - 25 %), charbon (2,8 Mt, - 4 %), céréales (1,7 Mt, - 23 %).
La nouvelle campagne 2023-2024 connaît un lent démarrage marqué par une concurrence exacerbée des blés russes mais rien n’est perdu, la bonne nouvelle étant que Dunkerque réexporte vers la Chine.
Les autres vracs solides affichent, eux, une hausse (+ 34 %) avec 3,4 Mt.
Vracs liquides : - 16 %
Avec 11,7 Mt, les vracs liquides représentent un quart du total et sont en recul de 16 %, tirés vers le bas par les hydrocarbures en régression (2,7 Mt, - 21 %).
Le terminal méthanier connaît toujours « une activité soutenue » avec 8,3 Mt et 126 escales à la fin décembre mais en diminution (- 14 %) par rapport à 2022 qui avait été une année record dans le contexte des importations de compensation au gaz russe.
Clotilde Martin
1,8 Md€ pour décarboner la sidérurgie à Dunkerque
Pour réduire les émissions de son site de production d'acier de Dunkerque, en remplaçant un haut fourneau par des fours électriques, ArcelorMittal va investir jusqu'à 1,8 Md€, financés en partie par les aides de l'État.
Les travaux devraient permettre de réduire de près de 6 % les émissions de CO2 du secteur industriel en France, a affirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire en présentant le projet à la presse. L'usine fait partie des 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre dans le pays.
Le gouvernement français apportera une aide, validée par l'Union européenne, qui pourra s'élever à 850 M€ en fonction des investissements effectivement réalisés, a précisé Bercy.
Economie de 4,4 Mt de CO2 par an
L'enveloppe devrait financer deux fours électriques ainsi qu'une unité de réduction directe du fer, première étape pour produire l'acier décarboné.
Ces installations fonctionnant à l'électricité et au gaz, et à terme à l'hydrogène, se substitueront à un des hauts fourneaux au charbon. Au total, les investissements devraient permettre de réduire les émissions de CO2 du site de 4,4 Mt par an.
ArcelorMittal avait annoncé début 2022 vouloir investir 1,7 Md€ dans la décarbonation de ses sites à Dunkerque et à Fos-sur-Mer.
À Fos, le groupe a déja engagé la construction d'un four poche, un projet de 73 M€ qui permet d'augmenter la part d'acier recyclé dans son process. Il prévoit en outre d'y construire un four électrique.
La rédaction