Pour la première fois depuis dix ans, le nombre de conteneurs manutentionnés au terminal des Flandres devrait marquer le pas en 2023. Le 13 novembre, le Grand Port maritime de Dunkerque a annoncé une baisse de 11 % du trafic conteneurisé sur les neuf premiers mois de l’année. Une tendance en phase avec les résultats annoncés par les autres ports de la rangée Nord : - 7 % à Anvers-Bruges et - 7 % à Rotterdam sur les trois premiers trimestres ; - 17 % au Havre et - 12 % à Hambourg au premier semestre.
La perte d’activité à Dunkerque concerne uniquement le transbordement, par nature plus volatile que le trafic à destination ou en provenance de l’hinterland. D’autant que le port français de la mer du Nord s’est positionné très fortement, favorisé par son positionnement géographique et encouragé par le Brexit, sur les transbordements à destination des îles britanniques.
Dunkerque est ainsi devenu le premier hub français pour le Royaume-Uni, et la part de cette destination dans l’ensemble des transbordement au terminal des Flandres est devenue prépondérante.
Baisse de régime mais...
Pour autant, les flux pour les îles britanniques n'ont pas profité à un autre port, mais ont tout simplement manqué, assure Guy Bourbonnaud, qui au sein du service marketing du port de Dunkerque est notamment en charge des statistiques : « La situation est liée avant tout à l’inflation et au ralentissement de l’activité. La conjoncture économique actuelle peu favorable des deux côtés de la Manche a un impact sur les volumes transbordés et pèse sur les volumes globaux du conteneur. ».
Sur l’ensemble de l’année 2022, le terminal des Flandres avait manutentionné 745 000 EVP, en croissance de 14 % sur une base annuelle et de 62 % en deux ans. Le record de 2022 marquait la dixième hausse annuelle consécutive pour le nombre de conteneurs au port de Dunkerque. La baisse de régime observée cette année s’accompagne cependant d’une bonne nouvelle : les flux d’hinterland continuent d’augmenter.
12 % de conteneurs supplémentaires sur l'hinterland
De janvier à septembre, Dunkerque a enregistré 12 % de conteneurs supplémentaires sur son hinterland par rapport aux trois premiers trimestre 2023, et même 13 % de plus si l’on considère les seuls conteneurs pleins. Cette tendance positive peut s’expliquer, selon le port, par « la décision de CMA CGM d’ajouter l’escale de Dunkerque dans son service hebdomadaire EPIC desservant le Moyen-Orient, l’Inde et le Pakistan ».
On peut aussi y voir les résultats des investissements industriels et logistiques réalisés à Dunkerque et dans sa région. Depuis quelques années, les Hauts-de-France misent massivement sur la logistique. « Cette bonne santé du secteur logistique régional génère de nouveaux trafics conteneurisés », confirme Guy Bourbonnaud, qui veut aussi y voir les premiers fruits de la réindustrialisation en marche : « sur la mobilité électrique, par exemple, nous avons vu passer à Dunkerque les équipements pour les gigafactories. Nous attendons les pièces détachées, qui apporteront des flux plus importants dans les années qui viennent. »
Élargissement de l’hinterland toujours attendu
Les flux de conteneurs pour la région sont donc sur une bonne tendance. Un bémol cependant : l’élargissement de l’hinterland du port, tant souhaité, n’est pas encore au rendez-vous. À destination de la région Grand-Est, il passe nécessairement par le ferroviaire ; pour l’Île-de-France aussi, tant que Seine-Nord n’est pas en service. Or les grèves et le coût de l’énergie électrique, autant que le ralentissement économique et l’inflation, ont nuit à l’accroissement du transport ferroviaire de conteneurs.
Le fluvial, en revanche, profite des performances sur l'hinterland : les conteneurs sur barges, à fin septembre, sont en progression au terminal des Flandres.
Étienne Berrier