L’opération, dont le calendrier n’a pas été précisé, devrait permettre à CMA CGM de détenir une participation indirecte de 49 % dans Cosco Shipping Ports (CSP) Iberian Valencia Terminal et de 38 % dans CSP Iberian Bilbao Terminal.
En s'installant sur les quais de Valence, l'armateur français de porte-conteneurs va se retrouver en concurrence directe avec les deux autres opérateurs implantés : MSC, qui projette d'y construire un nouveau terminal, et APM Terminals Valencia (groupe Maersk).
Un terminal de 3,5 MEVP
Ce faisant, le transporteur accède à un des principaux terminaux à conteneurs en Méditerranée occidentale avec une capacité de 3,5 MEVP (145 ha, 21 portiques et 65 RTG).
L’opération tombe à point nommé pour le port du détroit de Gibraltar, confronté à une forte concurrence de son voisin d'en face TangerMed, à une chute du trafic de conteneurs en 2022 (-9,4 % à 5,1 MEVP et - 17,1 % à 2,4 MEVP pour le transbordement). Une tendance confirmée durant les quatre premiers mois de 2023 (- 11,9 % entre janvier et avril et - 15,4 % pour l'activité de transbordement).
Pour l'Autorité portuaire de Valence (APV), l'investissement du numéro trois de la ligne régulière vient « consolider le pari qui a été fait avec les grandes compagnies maritimes ».
Connexion ferroviaire directe
Des travaux sont en cours pour lui permettre d’accéder au corridor méditerranéen à écartement ferroviaire standard (UIC). En 2026, il sera possible de faire rouler des trains de 750 m directement depuis le port espagnol vers la France et le reste de l’Europe, sans transbordement à la frontière via le tunnel du Perthus.
Le chantier du futur terminal multimodal de Fuentes de San Luis vient de démarrer, soit un investissement de 88 M€.
Un autre pied à Algésiras
Ces dernières manœuvres confortent la présence de CMA CGM en Espagne où le groupe est déjà présent dans deux autres ports espagnols situés en Andalousie.
Á Séville, l’opérateur tricolore est associé depuis 2017 au groupe Boluda pour l’exploitation du terminal à conteneurs, Terminal Marítima del Guadalquivir (TMG). Le trafic est certes modeste (141 000 EVP en 2022) mais le terminal offre aux clients, près du quai, à la fois une capacité d’entreposage et un accès ferroviaire direct, avait encore rappelé Rafael Carmona, président de l’Autorité portuaire de Séville (APS), le 26 mai dernier, lors de la 46e assemblée générale d’ASTIC, l’association des transporteurs routiers espagnols qui travaillent à l’international.
Surtout, CMA CGM détient, conjointement, avec son partenaire financier DIF, 50 % moins une part du capital de Total Terminal International Algeciras (TTIA), la société qui exploite le second terminal à conteneurs d’Algésiras, l’un des deux semi-automatiques en Espagne (avec celui de BEST à Barcelone).
L’autre actionnaire est le sud-coréen HMM. TTIA vient d’achever un important programme d’investissements parmi lesquels le rehaussement de cinq des huit portiques, de 43 à 52, permettant ainsi de traiter 24 rangées de boîtes et l’intégration de deux nouveaux shuttle carriers (23 en tout).
Entrée sur la façade nord
Coïncidence ou pas, l'annonce de l’arrivée dans le terminal à conteneurs de Bilbao intervient un jour après celle de Ricardo Barkala, président de l’Autorité portuaire de Bilbao (APB), selon laquelle l’appel d’offres pour la construction et l’exploitation d’un deuxième terminal à conteneurs avait été déclaré « désert ».
Plusieurs compagnies maritimes étaient, semble-t-il, intéressées mais avaient demandé une modification du cahier des charges, en particulier les « lignes rouges » ardemment défendues par l’APB.
CMA CGM et MSC au coude à coude
L'éventualité d'un nouveau terminal avait particulièrement inquiété la société CSP Iberian Bilbao Terminal, dont l’activité (0,5 MEVP en 2022, exclusivement en import-export) est bien inférieure à la capacité (1,7 MEVP).
La décision de l’APB ne peut que contribuer à viabiliser l’investissement de CMA CGM, qui est l’un des deux principaux clients du terminal, conjointement avec MSC.
Ici aussi, des investissements sont en cours dans le domaine ferroviaire avec le projet de construction d’un nouvel accès dédié uniquement au fret (Variante sud ferroviaire) et le projet de connexion à écartement standard entre le réseau à grande vitesse du Pays basque espagnol (« Y basque ») et la frontière française, via la pose en cours d’un troisième rail entre Astigarraga (près de Saint-Sébastien) et Irun.
Aucune date précise n’est cependant évoquée quant à la finalisation de ces projets.
Daniel Solano