À fin septembre, le port de Rotterdam affiche la stabilité mais le conteneur est bien sur les rails

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Comme pour le premier semestre, le conteneur est le seul segment à la hausse à Rotterdam. L’autorité portuaire veut y voir une reprise de la consommation européenne alors que l’inflation, qui avait refroidi le chaland durant de longs mois, se calme. En revanche, les trafics du passé, charbon et pétrole, sont en perte de vitesse accélérée.

Le port de Rotterdam est abonné à la stabilité à la baisse. Après un premier semestre en repli de 0,3 %, le leader portuaire européen sort des neuf premiers mois de l’année avec des volumes traités en baisse de 0,4 %, soit 328,6 Mt contre 329,9 Mt au cours de la même période de l'année précédente. Comme pour le premier semestre, le conteneur, qui fut le seul segment à la hausse, confirme son redressement. Après avoir progressé de 4,2 % (en tonnage), soit 67,1 Mt, et de 2,2 % (en EVP), à 6,8 MEVP, le ralentissement est manifeste mais reste en croissance : + 3 % en tonnage (101,1 Mt) et + 2,2 % en EVP (10,4 MEVP). L’autorité portuaire veut y voir une reprise de la consommation européenne alors que la pression inflationniste, qui avait refroidi le chaland durant de longs mois, se desserre.

« La reprise du commerce mondial est timide, commente Boudewijn Siemons, le PDG du port de Rotterdam, mais la confiance des consommateurs s'est accrue, ce qui s'est traduit par une augmentation du volume de conteneurs. Les stocks qui avaient été réduits après la pandémie sont maintenant revenus à leurs niveaux antérieurs. Étant donné que la production industrielle en Europe n'a pas encore totalement repris, les exportations de produits finis, tels que les biens d'équipement et les pièces détachées automobiles, sont à la traîne ».

Le détournement massif de la flotte de porte-conteneurs du traditionnel itinéraire entre Europe et Asie par le canal de Suez pour échapper aux attaques sans relâche des Houthis au large du Yémen, n’a pas favorisé le port néerlandais, qui a perdu des escales au profit de ses voisins. « En raison de la capacité limitée des navires, le nombre d'escales est encore inférieur à celui de l'année dernière, ce qui se traduit par des navires très pleins. Cela signifie que les terminaux dans les ports et dans l'arrière-pays sont toujours confrontés à des pics de charge », souligne la direction portuaire dans son communiqué. Si la modification des fenêtres horaires, l'augmentation de la demande et le mauvais temps en Asie ont provoqué la congestion dans des ports d'Asie, du Moyen-Orient et de l'Europe du Sud, elle a été plutôt limitée dans les hubs nord-européens.

Charbon et pétrole,  deux trafics du passé en perte de vitesse

Comme l’an dernier et au premier semestre, le charbon (- 26,6 % par rapport aux neuf premiers mois de 2023 après - 17 % à la même période en 2023) et le pétrole tirent vers le bas les volumes. En revanche, le minerai de fer et la ferraille ont augmenté de 2,3 Mt (+ 11,1 %). Ces trafics sont sur une trajectoire dynamique depuis plusieurs exercices, en lien avec la production d'acier en Allemagne. Mais cette fois, c’est la chute du prix du minerai de fer causée par l'effondrement de la production d'acier en Chine qui pousse les aciéries européennes à acheter du minerai de fer, malgré une demande d'acier modeste en Europe.

La situation ne bénéficie pas au charbon à coke (celui que l’on utilise pour la sidérurgie) en raison de l'accumulation de stocks l'année dernière. « L'industrie européenne est toujours aux prises avec une position concurrentielle faible en raison des coûts élevés de l'énergie. Nous ne prévoyons donc pas de changements majeurs dans les flux de marchandises au cours des derniers mois de l'année », explique Boudewijn Siemons

Vrac sec : retour au déficit

Alors que le vrac sec a enregistré une croissance de plus de 2 % au premier semestre, il est reparti à la baisse (de 0,9 %) au cours des trois derniers mois. Il le doit aux volumes de charbon (notamment thermique), en chute libre (- 26,6 %) depuis plusieurs exercices trimestriels. Les centrales électriques au charbon perdent de plus en plus de terrain en tant que source d'énergie. Au cours des neuf premiers mois de cette année, elles ont représenté respectivement 6 % du mix énergétique néerlandais et 20 % du bouquet allemand versus 58 % et 59 % pour les énergies renouvelables.

Quant aux vracs agricoles, ils sont en hausse de 2 %, portés par le maïs en provenance d'Ukraine (via la Roumanie) qui avait chuté de manière significative en 2023 en raison de la guerre en Ukraine. C’est un indicateur pour la production de bioéthanol, le maïs étant un des principaux ingrédients.

Vracs liquides : forces contraires du GNL et du pétrole

Le retrait du pétrole (- 3,6 %) de 2,7 Mt, due à des travaux de maintenance imprévus dans une raffinerie allemande et à la faiblesse des marges emmène la filière dans un territoire négatif (- 1,7 %) au cours des neuf premiers mois de cette année.

Les flux de GNL sont aussi en perte de vitesse par rapport aux 300 000 tonnes de l'année dernière. Les réserves de gaz naturel en Europe sont élevées, ce qui réduit l'offre, justifie le port. Par ailleurs, les prix du GNL en Asie sont légèrement plus élevés qu'en Europe, de sorte que les cargaisons spot se dirigent plus fréquemment vers l'Asie. Le segment des autres vracs liquides sont également en retrait de 4,4 %, particulièrement notable dans le secteur des biocarburants, dont les exportations ont été sanctionnées par l'abaissement des pourcentages de mélange. En revanche, les flux desproduits pétroliers ont augmenté de 4 %, portés par les entrées et sorties de fuel et de kérosène.

Marchandises diverses : enlisement post-Brexit

Le trafic roulier, qui avait accusé une énième contraction de 4,1 % à l’issue du premier semestre, en raison de la faiblesse de l'économie britannique, a encore baissé au troisième trimestre si bien que les neuf mois se soldent par une contraction de 3,5 % pour atteindre 19,2 Mt.

Quant aux autres marchandises diverses, non conteneurisées, dont la sortie du tunnel paraît hors d'atteinte, elles subissent une nouvelle correction à la baisse (- 9,5 %, 4,5 Mt) alors qu’elles s’étaient rétractées d’un niveau similaire il y a un an. En cause, l’acier et les métaux non ferreux.

Sur le plan des infrastructures, le grand chantier en cours du port néerlandais porte sur l'élargissement du Yangtzekanaal qui mène aux terminaux de Maasvlakte 2. Le chenal de navigation doit être aménagé sur toute sa longueur au cours des prochaines années (trois phases jusqu'en 2028), pour permettre entre autres le passage de porte-conteneurs jusqu'à 18 000 EVP dans les deux sens.

Adeline Descamps

 

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