L’an dernier, les bailleurs de conteneurs ont vu les volumes et les tarifs dégringoler après avoir été portés au plus haut durant les années de pandémie, quand la vulgaire boîte en acier était devenue si essentielle.
La résorption progressive des goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement mondiale a progressivement libéré les conteneurs vides bloqués depuis des mois sur les quais.
Avec le retournement de conjoncture, la pénurie s’est transformée en surplus, tandis que les principaux acteurs du marché se sont retrouvés face à un afflux de retours de boîtes.
La production de conteneurs a atteint l’an dernier un niveau proche de celui de 2009, année de récession, selon le rapport Container Equipment Forecaster de Drewry. Cette année-là, le nombre total de conteneurs en service était passé de 27,9 à 26,9 millions d’unités. La société de conseil britannique s’attend à ce que le parc mondial de conteneurs se contracte à la fois en 2023 (– 2,6 %) et en 2024.
Les excédents les plus critiques se situent dans le segment des high cubes (HC) de 40 pieds, très demandés durant la pandémie car particulièrement adaptés au marché transpacifique. En 2021, cette taille de conteneur représentait plus de 85 % de tous les conteneurs fabriqués, et ce au cours d’une année de production record avec plus de 6,6 millions d’unités. « L’ampleur de l’offre excédentaire signifie qu’il est peu probable qu’un équilibre se produise avant 2025, à moins, bien sûr, d’un retournement brutal du commerce », indique Drewry dans son rapport.
Sans surprise, les transporteurs maritimes et les sociétés de leasing ont freiné leurs achats cette année. « Ces derniers devraient prendre livraison de plus d’1,1 million de conteneurs neufs en 2023. »
À partir de 2024, mais plus sûrement 2025, Drewry s’attend à une reprise modeste du marché dans le cadre d’un renouvellement des équipements, notamment pour remplacer les boîtes fabriquées en masse en 2006-2008, année record avec 9 millions d’unités.
Pour cela, l’analyste table sur les nouvelles percées de la conteneurisation dans le transport frigorifique, le reefer gagnant toujours plus de parts de marché, et sur les denrées périssables actuellement transportées par le fret aérien. Il mise aussi sur la prise de parts de marché aux rouliers et au fret conventionnel, marchandises qui peuvent très bien rentrer dans des open tops et flat racks.
Par rapport à l’arrivée massive de nouveaux porte-conteneurs jusqu’en 2025, la flotte mondiale de conteneurs va progresser faiblement, de l’ordre 7 % d’ici 2027, par rapport à 2023.
La production annuelle ne devrait pas dépasser 1,8 million d’unités cette année tandis que les retraits seront équivalents à ceux de l’année dernière, soit environ 2,8 millions. Le parc mondial est estimé à quelque 50 millions d’unités.