Au port de Colmar Neuf-Brisach, une grue Liebherr 1 800 a été officiellement inaugurée en septembre 2023, mais elle avait, dès le mois de juin, manutentionné son premier colis lourd pour chargement sur un bateau fluvial. Il s’agissait, en l’occurrence, d’une pelle roulante de la société Liebherr Mining, basée à Colmar, qui y fabrique ce matériel puis l’expédie dans le monde entier depuis les ports maritimes de la mer du Nord. Ce chargeur a fait le choix du fluvial en 2019.
La société suisse d’origine allemande, fournisseur de la nouvelle grue portuaire, est aussi le premier client du port rhénan de Colmar Neuf-Brisach. Chaque jeudi, la nouvelle grue charge à bord des pelles minières Liebherr, à destination d’Anvers. General Electric est un autre client du port, ses turbines à gaz, fabriquées à Belfort, sont manutentionnées dans des bateaux qui prennent la destination d’Anvers. Le port de Colmar réceptionne des pièces d’éoliennes importées du port belge et destinées à être installées en région Grand-Est. Auparavant, le port devait recourir à une grue mobile d’un transporteur local.
La nouvelle grue a nécessité l’aménagement d’une plateforme implantée sur huit pieux plongeant à 12,5 m de profondeur. Cela a permis de gagner 5 m de portée pour une grue dont la flèche culmine à 66 m. Ce modèle de 800 t de capacité de levage est souvent utilisé, avec une flèche encore plus haute, pour l’installation d’éoliennes. Mais pour le chargement portuaire de colis lourds, la portée est primordiale. Ainsi, pour l’augmenter, 400 t de contrepoids supplémentaire peuvent être positionnés de façon déportée à l’arrière de la grue, qui pèse déjà plus de 700 t. Ainsi lestée, la capacité de levage atteint 500 t à 18 m.
Le groupe Prysmian France fabrique toutes sortes de câbles (électriques, optiques, à conducteurs cuivre, de données, fibre soufflée…) et divers équipements de connectivité dans sa dizaine de sites, dont l’un à Gron et l’autre à Montereau, tous deux dotés d’installations portuaires le long de l’Yonne. « Nous avons décidé d’utiliser davantage la voie d’eau pour transporter les tourets de câbles, car les convois exceptionnels par la route deviennent contraignants avec des dysfonctionnements, des aléas, des retards », indique Sylvie Robin, directrice logistique. Cette « orientation résolue vers la voie d’eau » permet au groupe de réduire l’empreinte carbone de ses activités tout en se préparant à livrer les 2 000 tourets, à expédier par Gron, d’ici la fin 2024 et le début 2025, et 200 par Montereau.
Gérée et exploitée par LogiYonne, commissionnaire et opérateur de transport, la plateforme de Gron accueille d’autres colis XXL à l’export comme des bras de chargement de GNL pour Technip, des cuves pour Fayat… LogiYonne a fait l’achat d’une barge fluviale, Bourgogne, anciennement Exelmans. Pour amortir son investissement, qui doit lui permettre de sécuriser l’offre de transport sur l’Yonne, l’entreprise cherche à équilibrer ses flux. « Nous avons des trajets qui sont chargés à l’aller jusqu’à Rouen et au Havre, mais les retours se font à vide », souligne le directeur général, David Buquet.
