À l’instar de ses homologues de la ligne conteneurisée, Hapag-Lloyd aura engrangé de substantiels bénéfices. Mais à l’inverse des trois autres compagnies européennes figurant dans le Top 5 mondial – la danoise Maersk, la française CMA CGM et la suisse MSC –, l’allemande n’a aucune intention de se développer dans la logistique aérienne.
Au cours des conférences de presse qui ont accompagné la publication des résultats trimestriels, Rolf Habben Jansen, son directeur général, aura l’occasion de faire part de son scepticisme quant aux prolongements dans les airs.
Le numéro cinq mondial de la ligne régulière envisage pour sa part de réserver ses bénéfices à un développement organique plus classique. Outre la généreuse rémunération de ses actionnaires et les investissements dans de nouveaux navires, il songe davantage à la manutention portuaire.
À l’occasion de sa prise de participation de 30 % dans le terminal de Jade Weser à Wilhelmshaven, aux côtés du manutentionnaire allemand Eurogate, Rolf Habben Jansen n’avait pas caché son intérêt pour d’autres actifs: « Nous avons appris à quel point il est important d’avoir un réseau robuste autour de quelques terminaux, où il est nécessaire d’avoir le contrôle », avait-il alors annoncé. Hapag-Lloyd envisage de consolider ses opérations de transbordement dans une quinzaine de terminaux. « Et il ne serait pas illogique d’investir dans la moitié d’entre eux ».
Kuehne + Nagel en vigilance
La position du dirigeant fait aussi écho à celle de son principal actionnaire, Klaus-Michael Kühne (via Kühne Maritime et Kühne Holding AG). L’actionnaire majoritaire de Kuehne + Nagel, connu pour son verbe franc, n’a jamais caché ses positions face à cette nouvelle forme de la concurrence: « Nous offrons à nos clients une garantie de neutralité, des conseils et des services à forte valeur ajoutée ». Un principe mis à mal par la percée des transporteurs dans la logistique, estime-t-il.
Tout en se félicitant de détenir 30 % des parts de Hapag-Lloyd, influence qu’il a cherché à accroître ces dernières années, il avait alors indiqué que l’armateur allemand n’avait pas l’intention de s’orienter dans la même voie que ses concurrents.
Rolf Habben Jansen exclut également à ce stade l’incursion dans le fret aérien. « L’exploitation d’une compagnie aérienne ne fait pas partie de ce que nous considérons comme une extension logique de notre activité. »
Ne s’estimant pas légitime dans ce domaine, faute d’expertise, le dirigeant avait alors ajouté: « Nombre de nos clients ont tendance à considérer le fret aérien et le fret maritime comme des domaines distincts et à faire leurs propres choix à cet égard. »