Les prix des matières premières, et en particulier celui des intrants nécessaires à la production d’acier, la hausse des prix de l’énergie, la dérèglement de la chaîne d’approvisionnement qui exacerbent les tensions sur l’acier, le resserrement attendu des politiques monétaires qui nuira aux économies émergentes financièrement vulnérables (dont dépend le conventionnel), la politique chinoise du zéro-covid et le désordre que cette stratégie entraîne sur les marchés mondiaux du transport maritime, sont autant de perturbateurs pour le secteur.
Dans ses dernières perspectives (Short Range Outlook), la World Steel Association (Worldsteel), principale organisation professionnelle de la filière, prévoit que la demande d’acier augmentera de 0,4 % en 2022 pour atteindre 1,84 milliard de tonnes après avoir augmenté de 2,7 % en 2021. Une croissance de 2,2 % est ensuite prévue pour 2023, fixant la demande à 1,88 milliard de tonnes.
Mais Worldsteel qualifie ses propres prévisions de « très incertaines » car, même si le conflit en Ukraine cesse avant la fin de l’année, la situation géopolitique houleuse, qui en résultera, « présente des implications à long terme pour l’industrie mondiale de l’acier », indique Máximo Vedoya, président du comité économique de Worldsteel.
La demande d’acier de la Chine – un indicateur clé pour l’industrie –, devrait rester stable en 2022. Les dernières statistiques sont néanmoins alarmistes, et ce, bien avant les confinements: dégringolade des ventes de biens immobiliers et chute des mises en chantier. Le secteur immobilier représente environ 30 % de la demande totale d’acier du pays. Or, les promoteurs sont confrontés à un manque criant de liquidités.
Indicateurs au rouge
Certaines sources du marché s’attendent à ce que les mises en chantier de logements en Chine en 2022 chutent de 20 à 30 % sur l’année, ce qui pèsera lourdement sur la demande globale d’acier. Dans les pays en développement, les reprises difficiles après la pandémie ont entraîné une flambée de l’inflation, ce qui a conduit à des cycles de resserrement monétaire. Selon Worldsteel, les difficultés persistantes limiteront la croissance de la demande d’acier à seulement 0,5 % en 2022 et 4,5 % en 2023 après avoir augmenté de près de 11 % en 2021.
La demande d’acier dans les économies avancées devrait augmenter de 1,1 % et 2,4 % en 2022 et 2023 respectivement, après une reprise de 16,5 % en 2021.
Autre consommateur d’acier, l’industrie automobile n’a pas rebondi avec autant de succès qu’espéré, le secteur étant en proie à des pénuries de semi-conducteurs qui conduisent les constructeurs à suspendre leur production.