La contraction de l’économie chinoise est de plus en plus manifeste. La seconde puissance économique mondiale, au rôle manufacturier central pour une bonne partie de la planète, manifeste des signaux faibles.
Depuis plusieurs semaines, les importations et les exportations ont perdu de leur puissance, symptomatiques des difficultés économiques du pays qui s’enlise dans sa politique sa politique antivirus sans fin. La vigueur du dollar exerce en outre une pression sur les importations. Bien qu’il se maintienne autour de son plus bas niveau depuis deux ans, le yuan n’a pas non plus donné aux exportations chinoises l’avantage concurrentiel dont elles ont besoin pour compenser le ralentissement de la demande extérieure. In fine, l’excédent commercial ressort à 79,39 Md$ par rapport à un record de 101,26 Md$ en juillet.
Le ralentissement de la demande intérieure, elle, se fait sentir sous l’effet conjugué de la mise sous cloche pour des raisons sanitaires et des fortes chaleurs qui ont sur-sollicité le réseau électrique. Les mesures de rationnement de l’électricité ont perturbé la production et la logistique chinoises, notamment dans les usines des régions du sud-ouest.
Minerai de fer hypothéqué
Le premier consommateur mondial de minerai de fer a vu sa production d’acier se contracter de 6,1 % de janvier à juillet sur une base annuelle après un recul de 10 % par rapport à juin. En cause notamment, une chute de 6,4 % des investissements immobiliers depuis le début de l’année. Entre janvier et août, la Chine a importé 723 Mt de minerai de fer, en retrait de 3,1 % par rapport à la même période de l’année précédente, ont indiqué les douanes. Au cours des huit premiers mois de l’année, les exportations de produits sidérurgiques se sont repliées de 3,9 % pour atteindre 46,23 Mt.
Les difficultés du secteur immobilier, principal destinataire des importations de minerai de fer, notamment en provenance d’Australie et du Brésil, en sont en grande partie responsables. Les aciéries chinoises ont fermé des hauts fourneaux au deuxième trimestre en raison du prix élevé des matières premières tandis que la demande a été refroidie par les mesures prises pour contenir la propagation du coronavirus. Ainsi, les arrivées de minerai de fer ont dépassé la demande, ce qui a entraîné une augmentation des stocks dans les ports, leur plus haut niveau depuis quatre mois, soit 143 Mt au 2 septembre, selon les données du cabinet de conseil SteelHome.
Les prévisions les plus récentes (avril) de l’Association mondiale de l’acier estimaient la croissance de la demande mondiale à 0,4 % et 2,2 % en 2022 et 2023 respectivement. « Il semble désormais plus probable que l’année 2022 se termine avec une croissance négative de la demande, malgré les efforts récents de la banque centrale et du gouvernement en Chine pour aider la demande à rebondir au second semestre », nuance l’organisation maritime Bimco, qui représente des exploitants de navires.
Le courtier BRS ne s’attend pas à une reprise complète de la production d’acier chinoise avant le printemps prochain, maintenant en haleine la demande de minerai de fer maritime.
Raffinage grippé
De même, les importations chinoises de pétrole ont chuté en août de 9,4 % alors que les défaillances des raffineries publiques et la baisse des opérations dans le secteur privé en raison de marges faibles ont limité les achats.
Le géant asiatique a importé 40,35 Mt de pétrole brut le mois dernier, soit l’équivalent d’environ 9,5 millions de barils par jour (b/j). Selon BRS, la Chine dispose de 920 000 b/j de nouvelles capacités de raffinage qui devraient être mises en service d’ici la fin de l’année. « Normalement, cela devrait augmenter la demande d’importation de brut. Cependant, la capacité de raffinage de la Chine est déjà supérieure à la consommation intérieure », observe-t-il.
Mesure pare-feu
Si les prévisions de croissance ont été réduites pour la plupart des économies clés par le FMI, les marchés sont particulièrement préoccupés par celles concernant l’économie chinoise, encore rabotées. Avec des prévisions de 3,3 % et 4,6 % pour 2022 et 2023, la croissance en Chine devrait atteindre ses plus bas niveaux depuis 1990.
Ces derniers jours, les responsables politiques chinois ont reconnu l’urgence à agir pour soutenir leur économie vacillante, les données indiquant une nouvelle perte de la dynamique économique au troisième trimestre. La banque centrale chinoise est à l’œuvre tandis que le gouvernement a réinitialisé ses mesures pare-feu, engageant des fonds supplémentaires pour le développement des infrastructures dont les effets sont avérés pour stimuler la demande de minerai de fer et de charbon à coke. Mais sans effet immédiat sur la réalité d’aujourd’hui.