Cette rumeur de l’Oural, personne ne l’a vu monter même si l’esprit Guerre et Paix plane sur les eaux extrême-orientales en ombre portée depuis des années. Le chaos s’est emparé du monde comme un tour de grand huit. De façon saisissante.
Les signaux faibles pleuvent désormais. Le changement est dans l’air, indiquent toutes les tours de contrôle de la planète, vigies mondiales d’une économie à nouveau souffreteuse. Depuis le début du second trimestre de cette année, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et d’autres institutions financières remettent l’ouvrage sur le métier et réajustent leurs projections de croissance économique pour l’année, abandonnant la sphère des 4 à 5 % initialement programmés pour se loger au plus près de zéro.
Inflation généralisée, tensions géopolitiques, guerre en Ukraine, crise des énergies, stratégie maritime agressive et méthodique d’expansion chinoise, provocations menaçantes des cadors à l’ONU…, la planète est sens dessus dessous. Elle a à peine eu le temps de s’imprégner du printemps économique post-épidémique qui trépignait. Même la chine, avec son système de croissance à tout prix et à toute épreuve, ploie l’échine.
Le transport maritime, habitué à faire commerce de l’adversité, se retrouve de nouveau à devoir composer avec les bruits du monde. Les taux de fret sont sanctionnés après s’être obstinés pendant deux ans à mettre le nez des armateurs, à quelques exceptions près, dans l’argent presque magique.
Sans commune mesure avec le marché du conteneur, le secteur du colis lourd, plus discret, moins exposé, en a largement profité. Sans être hermétique à la récession, le segment pourrait toutefois être préservé de la chute brutale par les investissements dans les nouvelles énergies. Tous les segments n’ont pas ces balises à portée.
À ce moment précis de la conversation entre l’Europe et la Russie, entre la Chine et Taïwan, entre l’Iran et les États-Unis… on ne sait plus à quel lexique renvoyer et si « optimisme » ou « pessimisme » ont actuellement du sens.