Brexit, et le « bordel » continue

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Un accord de commerce a beau avoir eu lieu il y a plus de six mois entre la Grande-Bretagne et le continent européen, les perturbations dans les échanges commerciaux de part et d’autre de la Manche se poursuivent, d’autant plus que le délai de grâce de 175 jours concédé aux entreprises par le gouvernement britannique pour reporter les déclarations de douane a expiré le 25 juin.

Depuis, les chargeurs britanniques se familiarisent avec la complexité des documents à produire en fonction des nouvelles règles tout en se plaignant de la bureaucratie qui caractérise les formalités à l’export. Une entreprise opérant dans les produits de la mer interrogée par la BBC a expliqué que, depuis le Brexit, il lui faut désormais trois heures chaque matin pour remplir les documents nécessaires à l’exportation vers la France. En conséquence, elle s’est tournée vers la Chine parce que c’est « moins cher et plus rapide » d’exporter vers l’Asie alors que ses ventes sont en baisse de 40 % depuis le Brexit.

Pour autant, le trafic de remorques et les volumes de conteneurs à destination et en provenance de la Grande-Bretagne sont en hausse, tant pour les échanges intra-européens que transcontinentaux. Et ce, au détriment du fret accompagné et des ropax.

Ce transfert modal partiel « peut être considéré à la fois comme une réaction au Brexit pour éviter la route la plus courte par le détroit, explique l’analyste Antonella Teodoro de MDS Transmodal, et comme une réponse au renchérissement des coûts du transport routier de marchandises en Europe centrale et orientale, notamment du fait de la pénurie de chauffeurs ». Les changements intervenus au sein des alliances de compagnies maritimes ont également eu pour effet de « rendre plus compétitifs le conteneur sur le marché européen, qui a ainsi gagné des parts de marché au détriment des services rouliers », ajoute-t-elle.

Dans le même temps, l’offre en services directs s’est intensifiée, entre l’Irlande et le continent ainsi que sur des itinéraires évitant les principales routes Douvres-Calais-Boulogne, et opérant sur des ports secondaires, comme Tilbury et Thamesport, plus proches du centre de Londres et des marchés de consommation du centre et du nord de l’Angleterre.

La situation a donné lieu à d’étonnantes liaisons. En témoigne l’alliance de circonstance entre DFDS et P&O Ferries, via un accord d’affrètement de capacités, en réponse à l’audace d’Irish Ferries venue les titiller sur leur terrain de jeu.

En effet. Le Brexit provoque d’étranges arrangements entre d’inattendus compagnons de lit, forçant un mariage de convenance entre les rivaux d’autrefois.

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