La suspension du trafic passagers au cours des premiers mois de l’année n’a pas compromis la ligne Marseille-Tanger de La Méridionale. La compagnie marseillaise avait décidé de ne pas fermer son service en décembre 2020 mais d’en réduire la périodicité et d’en limiter la capacité à un seul navire.
La compagnie du groupe Stef, qui avait frété son ro-pax Pelagos pendant trois mois à DFDS pour la desserte de l’Irlande, l’a réintégré pour lui faire reprendre ses rotations le 15 juin aux côtés du Girolata. Malgré son arrêt temporaire en raison de la crise sanitaire, le trafic passagers demeure donc le gage de pérennité de la ligne.
Pour rappel, La Méridionale avait lancé le 2 décembre cette nouvelle offre avec un service qui devait assurer, selon les plans initiaux, deux rotations par semaine en sortie des bassins Est du port de Marseille vers Tanger. Le ro-pax Pelagos, d’une capacité de 2 460 mètres linéaires (200 véhicules et 170 remorques) et jusqu’à 300 passagers, avait été désigné pour opérer la ligne. L’ex-Liverpool Seaways de DFDS était précédemment exploité en Baltique.
A l’origine, il était également prévu que le Girolata ( 800 passagers, 800 véhicules et 140 remorques) soit le second navire affecté à la ligne. Les deux navires sont opérés par la Compagnie méridionale de manutention (CMM), filiale de La Méridionale, tandis que la commercialisation du fret en France a été confiée a l’agent Navimed et à Global Container Agency Maroc, (groupe espagnol Romeu) au Maroc.
Fruits et légumes dans le viseur
« Dans le contexte Covid, nous avons dû réduire le service à un seul départ par semaine pendant quelques mois », retrace Benoît Dehaye, le directeur général de la compagnie. La reprise du trafic passagers sur le Maroc lui permet désormais de « reprendre son bâton de pèlerin ». La ligne vient de « retrouver un départ tous les deux jours, avec deux navires en miroir ». Soit deux départs simultanés en début de semaine les lundis et mardis et deux autres les jeudis et samedis.
Moyennant une vitesse de 19 à 20 noeuds, la liaison entre les ports de Marseille et Tanger affiche un transit-time de 38 à 40 heures.
Le dirigeant de La Méridionale se montre confiant quant à la demande de transport. Si le groupage et les pièces détachées automobiles constituent les deux principales sources de trafics, les fruits et légumes en reefers entre le Maroc et la France restent dans le viseur de la compagnie. Les deux ro-pax sont dotés chacun de 40 à 60 prises frigorifiques. Un atout par rapport aux ro-ro traditionnels, estime Benoît Dehaye. Plus précisément, ce sont les flux marocains à destination du marché du Grand Saint-Charles, le Min à Perpignan, et de celui de Rungis qui sont convoités. Mais au-delà, il lorgne également sur celui de Châteaurenard, près d’Avignon, qui « aspire à se développer ».
Autre atout, son impact environnemental. Le service permettrait d’économiser 42 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à la route.
Quant aux rumeurs concernant les subventions dont pourrait bénéficier la compagnie : « il ne s’agit pas d’une autoroute de la mer. C’est une nouvelle solution logistique », balaie Benoît Dehaye. La Méridionale s’est fixée pour objectif de prendre 3 à 5 % des parts de marché sur le Maroc.