Soja: grandes manœuvres et incertitudes sur les flux

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La Chine, plus gros acheteur mondial de soja, revoit ses besoins et réorganise ses flux, préconisant le recours à des alternatives agricoles ou à des céréales locales. Les chaînes d’approvisionnement sont bousculées.

Des pluies abondantes se sont abattues sur le Brésil et l’Argentine et ont repoussé la récolte du soja. Ce retard a provoqué un ralentissement des mouvements de soja à travers la planète en février. Mars a repris sur un rythme effréné avec un trafic pulvérisant les 10,9 Mt de son record de mars 2020 pour atteindre cette fois 13,5 Mt.

Le Brésil continue d’approvisionner le marché mondial mais à une cadence plus faible que celle de ces trois dernières années. Les États-Unis en revanche ont repris du poil de la bête grâce à l’apaisement de leurs relations commerciales avec la Chine. Le géant nord-américain a expédié au 1er avril 59 Mt avec pour première destination la Chine qui absorbe à elle seule près de 60 % de sa production. Le total des engagements de ventes à l’exportation pour le soja américain a atteint un record de 64,7 Mt, en hausse de près de 75 % par rapport à 2020.

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Pour l’instant, le Brésil est à la traîne. Mais il reste en embuscade, porté par des stocks mondiaux que les prévisions annoncent insuffisants pour tenir jusqu’à la fin de l’année. Cela se ressent sur les contrats à terme négociés ces derniers mois à des niveaux historiquement élevés pour atteindre là encore des records. Le phénomène a pris encore de l’ampleur depuis la publication, le 31 mars, du rapport annuel du Département américain de l’Agriculture (FAO). Il prévoit une baisse des surfaces ensemencées en soja aux États-Unis, bien en deçà de ce sur quoi tablait le marché.

De son côté, la Chine souhaite réduire la part du soja ainsi que celle du maïs dans les aliments pour porcs et volailles. Dans un communiqué, le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales a en effet expliqué que ses préconisations visent à améliorer l’utilisation de matières premières moins coûteuses et si possible locales. Les fabricants d’aliment ont déjà commencé à se reporter sur le blé, moins cher. Quoi qu’il en soit, ce changement de directives risque d’avoir une incidence sur les flux de matières premières agricoles…

Substitution au soja

La Chine importe près de 100 Mt de soja et 150 Mt de maïs dont les cours sont tout aussi élevés. La fin de l’épidémie de peste porcine africaine dans le pays a relancé l’élevage et les besoins du pays en aliments du bétail atteignent des sommets. Pour le ministère de tutelle, c’est le moment parfait pour changer le mode d’alimentation. Selon lui, riz, manioc, son de riz, orge et sorgho sont des alternatives au maïs. Farines (colza, coton, arachide, tournesol…), céréales séchées de distillerie et sous-produits de transformation du maïs peuvent se substituer au soja.

L’effet s’en ressent déjà. La demande de céréales fourragères frémit, profitant du report de certains acheteurs chinois. Avec un retour à une pleine production porcine à son niveau d’avant la peste africaine démarrée en 2017, les préconisations du ministère de l’Agriculture pourraient sanctionner 4 à 8 Mt des achats de soja sur une demande, cette année, d’au moins 37 Mt de céréales destinées à l’alimentation animale.

Perspectives: soja

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