L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié le 20 avril son Global Energy Review dans lequel elle présente ses prévisions pour 2021 concernant l’évolution de la consommation énergétique mondiale. Malgré les nouvelles vagues de contaminations au Covid-19 et ses nombreux variants, la consommation mondiale d’énergie pourrait augmenter de 4,6 % en 2021 par rapport à 2020 et être supérieure de 0,5 % au niveau de 2019. Près de 70 % de la hausse attendue de la demande mondiale en 2021 proviendra des pays émergents. Concernant la demande en charbon, la croissance prévue par l’AIE est de 4,5 %. Outre le principal moteur qu’est la Chine, l’état économique de l’Inde est un autre « fondamental » pour le marché du charbon. Avril 2020 a marqué le point le plus bas en Inde depuis de nombreuses années. La reprise économique a conduit à un rebond de 6 % au quatrième trimestre de 2020. La hausse de la demande de charbon s’explique également par une baisse de la production de l’hydroélectricité, qui fut exceptionnellement élevée en 2019. Selon l’AIE, la consommation de charbon en Inde suppose un boom économique en 2021, avec un PIB fermement au-dessus des niveaux de 2019. La sévérité du variant jette une ombre sur des estimations qui faisaient état d’une demande en hausse de 9 %.
Déclin structurel
Aux États-Unis, comme dans les économies développées, le combustible fossile reste sur un déclin structurel, même si 2021 devrait être celle d’un retour que le charbon n’avait pas connu depuis 2013. La reprise de la consommation d’électricité et la hausse des prix du gaz ont soutenu le coke en décembre 2020, la première augmentation mensuelle en glissement annuel depuis novembre 2018. La demande de charbon du secteur de l’électricité devrait rebondir de 10 % par rapport aux creux de 2020. La production d’électricité à partir de charbon (90 % de la consommation de charbon outre-Atlantique) a diminué de plus de moitié depuis 2010, la demande chutant d’un tiers entre 2018 et 2020.
Dans l’Union européenne, la production d’électricité à partir du charbon disparaît ou devient négligeable dans un nombre croissant de pays. L’Autriche et la Suède ont fermé leurs dernières centrales en 2020; d’autres, comme le Portugal, le feront cette année, et les quotas de carbone continuent de dissuader les producteurs. L’Allemagne, la Pologne et la République tchèque représentent les deux tiers de l’utilisation du charbon dans l’UE pour la production d’électricité. En Allemagne, la concurrence entre le charbon et le gaz étant plus intense, de faibles variations des prix des combustibles peuvent modifier la compétitivité de l’un et l’autre et en conséquence influait sur la demande. L’AIE estime à 4 % la croissance de la demande sur le Vieux-Continent en 2021 (– 18 % en 2020). Mais en Europe, qui a fait de la relance écologique l’alpha et l’omega de ses politiques publiques avec des objectifs stricts en matière d’émissions carbone, le charbon n’y est plus un invité en odeur de sainteté.