Si les tensions commerciales ne sont jamais bénéfiques pour le commerce mondial, elles ne stressent pas pour autant les PIB des pays de façon égale. Avec une valeur de 66 Md$, le charbon reste le produit d’exportation le plus précieux à l’Australie. Le seul commerce du bitumineux avec la Chine lui rapporte 40 Md$. Plus grave, l’Australie possède un vaste portefeuille minier dont les exportations génèrent chaque année 248 Md€. Et la Chine raffole de son minerai de fer. Il était donc à craindre que les coups de bec du Premier ministre australien Scott Morison à l’endroit de la Chine, sa transparence et son empire Huawei coûtent chers à sa balance commerciale.
Si le clash a bien eu lieu, le crash n’est pas évident. Les importations totales de charbon australien ont diminué de 3,6 % au cours des deux premiers mois de cette année par rapport à 2020. Cette baisse est exclusivement due à la chute de 98,9 % des exportations vers la Chine qui sont passées de 16 Mt à seulement 176 392 t entre janvier-février 2020 et 2021. En revanche, si l’on exclut la Chine, les exportations vers tous les autres pays ont augmenté de 29,5 %.
Qui perd gagne
Le vaste pays de l’Océanie a profité de la vague de froid en Asie du Nord qui a stimulé la demande du Japon, de la Corée du Sud et de Taïwan. L’Australie serait également parvenue à placer davantage de charbon auprès d’autres consommateurs régionaux sans toutefois suppléer totalement au déficit des achats chinois. Les ventes ont augmenté de 5,3 Mt vers l’Inde, de 2,3 Mt (+ 12,9 %) vers le Japon, le plus grand importateur de charbon australien, et de 2,2 Mt vers la Corée du sud (+ 32,6 %).
Cependant, la Chine n’en sort pas forcément gagnante. La hausse des prix du transport maritime a rendu l’achat de charbon importé plus cher pour la Chine. En retour, cela a permis de maintenir à la hausse les prix sur le marché domestique car ils n’ont pas été confrontés à la concurrence des producteurs étrangers.
Les données de Reuters indiquent également que l’Australie n’est pas non plus perdante sur le plan des céréales: leurs exportations ont atteint 910 M$ en décembre (dernières données actualisées), le plus haut niveau jamais enregistré et près de trois fois la valeur des expéditions en novembre. Et ce, en dépit de droits de douane de 80,5 % sur les importations d’orge australienne. Là aussi, les producteurs australiens se sont repositionnés ailleurs.
Quant aux interdictions frappant les importations de minerai de cuivre en provenance d’Australie, son cinquième plus gros fournisseur, la pénurie mondiale oblige la Chine à payer plus cher pour s’approvisionner.