L’accord entre InVivo et Soufflet avance à grands pas et devrait être finalisé avant la fin mai. C’est ce qu’a indiqué Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo lors de la présentation des résultats de son groupe fin avril. Le dossier de l’acquisition du second par le premier sera ensuite présenté à l’Autorité de la concurrence européenne à Bruxelles ainsi qu’aux autorités équivalentes des quatorze pays où l’un des deux groupes est déjà présent.
L’annonce du rapprochement des deux grands groupes français a d’abord déconcerté parce qu’il symbolisait le mariage de la carpe et du lapin, celui d’une union de coopératives dont les actionnaires sont les producteurs eux-mêmes avec un groupe de négoce qui vend et achète à ces mêmes producteurs. InVivo réunit 192 coopératives et représente un chiffre d’affaires de 5,1 Md€. Quant à Soufflet, il pèse 4,9 Md€ de revenus.
Réunis, ils vont représenter le deuxième groupe agricole européen derrière l’allemand BayWa, avec une force de frappe sur le marché mondial des céréales. Une première étape pour un jour rivaliser avec les géants ABCD, Archer Daniel Midlands, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus qui font la pluie et le beau temps sur les transactions et les trafics de blé, maïs ou soja à l’échelle de la planète.
Une question se pose, celle de la cohabitation sur le terrain entre des coopératives et des entreprises Soufflet jusque là concurrentes. Thierry Blandinières s’est voulu rassurant en promettant que le groupe Soufflet conservera « son intégrité comme une filiale d’InVivo avec une gouvernance indépendante. Soufflet continuera d’avoir sa particularité commerciale propre, liée à son statut de négoce. »
Preuve de cette autonomie pendant les discussions encore en cours, Soufflet, déjà acteur reconnu de la filière céréales en Afrique de l’Ouest, vient encore d’y renforcer sa présence en créant une nouvelle filiale, Soufflet West Africa basée en Côte d’Ivoire. Son but est de développer la filière blé-farine-pain en Afrique en combinant les expériences de la filiale ingrédients du Groupe Soufflet, AIT, et de Soufflet négoce. SWA se peut une « porte d’accès aux marchés de cette région » qui englobe aussi Mauritanie, Mali, Niger, Sénégal, Guinée-Conakri, Libéria, Bénin, Burkina Faso, Togo et Bénin, voire Cameroun, actuellement en pleine croissance économique et démographique. Le Groupe Soufflet exporte déjà dans cette zone près d’1,5 Mt de blé chaque année. Il entend faire progresser ce trafic.