Net recul des exportations de blé à Rouen

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Sans surprise, du fait de la faible quantité de la récolte française, les exportations de céréales sont en baisse dans le premier port céréalier européen. Après le record de l’an dernier durant lequel près de 10 Mt avaient été chargées, le port normand déçoit avec à peine plus que la moitié. Les exportations s’inclinent de 23 % entre début juillet et fin mars.

Rouen met à profit l’approfondissement du chenal de navigation de la Seine qui lui permet d’offrir un tirant d’eau supplémentaire aux navires sortant du port avec un chargement de céréales. Les panamax limitaient précédemment leur chargement à 50 000 t. Pour sa première année de plein exercice, le chenal approfondi a permis aux navires de charger régulièrement plus de 55 000 t. Un nouveau record de tirant d’eau a même été établi. Le 29 janvier, l’Andros a chargé 57 000 t d’orge fourragère aux silos BZ de Petit-Couronne et aux silos Sénalia de Grand-Couronne. Le navire, long de 229 m pour 32 m de large, a ensuite descendu la Seine avant d’entamer son voyage à destination de Chuzhou, en Chine. Son échelle de tirant d’eau indiquait 11,4 m. Les 57 000 t à bord de l’Andros ne constituent pourtant pas un tonnage record à Rouen pour les expéditions de céréales. Par le passé, des capesize ont embarqué davantage de marchandises sans toutefois exploiter pleinement leur capacité à cause du manque de profondeur du chenal.

Ces nouvelles capacités de chargement ne suffiront cependant pour égaler la performance de la campagne 2019-2020 au cours de laquelle le port normand avait exporté 9,87 Mt de céréales. En cause, la faible quantité récoltée au cours de la moisson de l’été 2020 qui se traduit par une baisse de 23 % des exportations rouennaises de céréales à fin mars.

En attendant la prochaine saison

« Les 5,5 Mt de céréales chargées à l’export au cours de neuf premiers mois de la campagne 2020-2021 ne sont pas en soi un mauvais chiffre. C’est un tonnage habituel pour Rouen, indique Manuel Gaborieau, responsable de la filière agroalimentaire de Haropa. Le mois de mars a été très actif avec plus de 900 000 t expédiées. Il y avait encore un volant d’activité début avril mais les deux mois qui restent vont être beaucoup plus calmes. À partir de mi-avril, on entre dans une période où on gère la pénurie de marchandises car il n’y a plus de céréales à exporter via Rouen. C’est d’ailleurs une situation générale sur la France. On attend la prochaine moisson, fin juin pour les orges, mi-juillet pour le blé. »

Cette absence de stock en fin de campagne était attendue par le marché. Le mois de juin est d’ailleurs généralement de faible activité pour les expéditions de céréales. Les pays du Maghreb, clients habituels du port de Rouen, débutent leurs moissons fin mai ou début juin.

Grâce à l’Australie

Principale nouveauté de la campagne d’exportation 2020-2021: la première destination des céréales chargées à Rouen est désormais la Chine. Un client habituel pour les orges françaises, qu’elles soient destinées à la brasserie ou à l’alimentation animale. Les achats chinois ont été conséquents cette année avec un total, fin mars, d’1 Mt d’orge fourragère et de 400 000 t d’orge brassicole. La surprise vient plutôt du blé tendre pour lequel la Chine n’est pas un client régulier. Elle en a déjà acheté à Rouen plus de 600 000 t depuis le début de la campagne. « Ces volumes exceptionnels en orge sont liés à la décision chinoise de taxer les importations en provenance d’Australie, ce qui a eu un impact important pour nous, explique Manuel Gaborieau. Quant au blé, la Chine en a tout simplement importé beaucoup plus que d’habitude, toutes origines confondues. »

L’Algérie, habituellement premier client du port, se trouve délogée avec seulement 1,3 Mt chargées fin mars, faiblesse de la récolte française oblige avec peu de tonnages disponibles dans les silos rouennais mais aussi du fait de la forte concurrence des pays d’Europe du Nord. Au cours des neuf premiers mois de la campagne qui a débuté au 1er juillet 2020, l’Algérie a importé 3,9 Mt de blé tendre. La France en a fourni 40 %, l’Allemagne 27 %, la Lituanie 12 %, la Lettonie 11 % et la Pologne 9 %. Le blé russe, désormais autorisé à l’importation par l’Algérie, n’a pas fait l’objet d’achat par Alger malgré l’abondance de la récolte en Russie. Pour l’ensemble de la campagne précédente, l’Algérie avait importé 6,1 Mt de blé tendre dont 88 % en provenance de France, 6 % des États-Unis et 3 % de Suède. À noter que l’Algérie a également importé au cours de cette campagne 3,8 Mt de maïs avec une percée du Brésil sur ce marché qui était la chasse gardée de l’Argentine ces dernières années.

Faible tonnage vers l’UE

Autre destination très importante pour les céréales rouennaise: le Maroc qui avait cette année de forts besoins d’importation pour cause de sécheresse. L’agence nationale portuaire qui exploite les principaux ports du Maroc à l’exception de Tanger, a enregistré en 2020 une hausse de 34 % des importations de céréales qui ont atteint le tonnage record de 9,4 Mt. Avec 720 000 t de blé tendre chargées vers les ports marocains fin mars, Rouen réalise une campagne correcte sur cette destination. « Par rapport à 2019-2020, nous n’avons pas exporté d’orges vers le Maroc alors que nous en avions expédiées beaucoup l’an passé, souligne Manuel Gaborieau. Les orges françaises sont parties vers la Chine, et beaucoup moins vers les destinations proches comme le Maroc. »

Pour la troisième année consécutive, Rouen réalise une bonne campagne sur l’Afrique de l’Ouest avec 870 000 t expédiées à fin mars, la récolte française 2020 correspondant à la qualité élevée requise par les meuniers locaux.

Les envois de céréales vers l’UE n’ont concerné que 180 000 t depuis le début de la campagne. Les silos rouennais sont habituellement tournés vers le grand export davantage que vers les pays européens mais il s’agit tout de même d’un tonnage plutôt faible cette année. L’Italie et la péninsule ibérique, qui se fournissaient volontiers à Rouen, ont réalisé en 2020 de bonnes récoltes et se tournent de plus en plus fréquemment vers la mer Noire pour leurs achats.

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