La dynamique du segment tiré par des taux de fret « inspirants » et les bénéfices records enregistrés dans l’affrètement durant les premiers mois de l’année ainsi que la perspective d’une hausse des prix des actifs d’occasion ont stimulé le marché S&P. Les valeurs d’occasion ont bondi au premier trimestre, l’indice des prix des actifs de vrac sec ayant augmenté de 19 % en glissement trimestriel grâce aux panamax et aux supramax, selon Cleaves. L’analyste prévoit une nouvelle hausse de son indice, qui pourrait atteindre 59 % d’ici le deuxième trimestre 2023. Les armateurs augmentent le tonnage de leurs flottes en prévision d’une amélioration des fondamentaux du marché. Pour le courtier Braemar ACM, le pic des volumes de ventes d’occasion qui a débuté fin 2020 a vu un nombre record de 214 navires changer de mains au quatrième trimestre, soit une augmentation de 91 % en glissement annuel. La dynamique s’est poursuivie au 1er trimestre, période où 203 transactions ont été enregistrées, en hausse 146 % sur un an. Au total, 279 vraquiers ont changé de mains jusqu’à présent cette année alors que 794 navires avaient fait l’objet d’une transaction en 2020, a relevé pour sa part le BIMCO.
Le tonnage devient une denrée « chaude ». L’intérêt se porte sur des « livraisons rapides afin de générer un profit immédiat et un amortissement significatif [avant la valeur de la ferraille, NDLR] pendant la première année », note Banchero Costa. Certaines semaines, la course au tonnage s’est affolée, relève le courtier. Il est arrivé que dix capesize, dix panamax et six handysize soient vendus la même semaine. Banchero Costa souligne également une préférence des acheteurs pour un âge moyen d’environ 7 à 13 ans.
Appétit un peu excessif
Parmi les transactions les plus notables, deux newcastlemax (environ 210 000 tpl) ont été acquis à 52 M$ l’unité pour livraison entre juin et septembre prochain. Le capesize United Breeze, construit en 2012 par Imabari, a été vendu 29 M$. Dans le même temps, deux capesize de 190 000 tpl au GNL étaient commandés pour 60 M$ par unité. Le Bulk Switerland (construit en 2010 par Imabari) équipé de scrubbers, a été acquis pour 26,25 M$. À titre de comparaison, en octobre 2020, le King Ore, construit par Namura et équipé d’un de ces dispositifs d’épuration des gaz d’échappement, avait été estimé à 19,2 M$. Les transactions les plus élevées ont été relevées dans le secteur des ultramax et supramax, à 25 M$.
« À ce stade, des volumes de transactions fermes, un appétit d’achat relativement excessif et une pression à la hausse sur les prix des actifs sont les principales caractéristiques observées sur le marché, observe Allied Shipbroking. Si l’on considère le sentiment haussier général et les rendements relativement bons, principalement pour les petites tailles, on peut s’attendre à ce que la tendance de ces derniers temps se maintienne à court terme. »
Le vrac sec reste un territoire financier mais sentimental. Les asymétries périodiques en termes de transactions et d’intérêts pour l’achat caractérisent le marché. Tout dépendra d’abord et avant tout de l’évolution des bénéfices au cours des prochaines semaines.