Le tour du monde des producteurs de soja est rapidement mené. Les États-Unis dominent, mais avec des volumes amoindris par la sécheresse. Les deux voisins latino-américains que sont le Brésil et l’Argentine sont des alternatives sérieuses. Sur le premier semestre, le Brésil a en outre « bénéficié » d’une monnaie particulièrement faible face au dollar qui a rendu son soja compétitif. Dans un contexte de tensions entre Chine et États-Unis, de demande dopée et de cours fluctuant presque d’un jour à l’autre, la situation a été rendue plus compliquée encore par la crise pandémique. La contamination d’ouvriers portuaires en Amérique du Sud, les grèves qui en ont découlé dans les ports pour réclamer des mesures sanitaires et le placement en quarantaine des navires venus charger ont été des casse-têtes de gestion. Tout a contribué à rendre le marché du soja particulièrement instable sur les six premiers mois de l’année. Les acheteurs français ont eu du mal à suivre et ont concentré leurs importations sur les ports bretons, ceux les plus proches de leurs clients éleveurs.
Le deuxième semestre s’annonce tout aussi curieux. L’élevage chinois a encore repris du poil de la bête et « la Chine tire toute la marchandise, soja et tourteaux de tournesol », regrette Francis Grimaud, directeur d’EVA à La Rochelle. « Il ne reste rien pour nous. Il nous manque un tiers des volumes que nous avions traités l’an dernier. »
Les quatre géants de la production céréalière que sont Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus, les quatre grands « faiseurs » du négoce international connus sous l’acronyme ABCD, ont tout raflé, cédant un peu de cales et des parts de cargos aux autres acheteurs. « L’offre est très réduite », constate encore Francis Grimaud. « L’Ukraine n’a récolté que 13 à 14 Mt de tournesol au lieu des 16 Mt attendues, ce qui accroît encore les difficultés d’approvisionnement. »