L’énigme chinoise

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Les achats de céréales fourragères s’expliquent par le développement de l’élevage de volailles et par le renouvellement du cheptel porcin suite à l’épisode de peste. La Chine est ainsi redevenue importateur net de maïs, ce qui ne concerne toutefois pas la France mais les États-Unis, le Brésil, l’Argentine et l’Ukraine, les plus importants exportateurs de la céréale. La Chine constitue aussi un très gros marché pour les orges, dont elle est le premier importateur mondial. Après 10 à 15 ans de très forte augmentation, les importations d’orge brassicole plafonnent. Celles destinées à l’alimentation animale ont en revanche fortement augmenté, la Chine substituant l’orge fourragère au maïs. C’est pourquoi la Chine achète désormais massivement de l’orge fourragère en France, alors qu’elle ne s’y fournissait précédemment qu’en orge de brasserie.

La Chine reste le premier producteur de blé au monde, devant l’UE et l’Inde. Son bilan est excédentaire, avec chaque année un surplus qui vient gonfler les stocks dont personne ne connaît l’état exact. Le recours aux importations de blé a des motivations qualitatives: il s’agissait jusqu’à présent de 2 à 4 Mt par an, essentiellement en provenance d’Australie et d’Amérique du Nord et concernant des qualités bien particulières de blé. On a vu au cours des campagne 2018/19 et 2019/20 exploser les exportations françaises de blé vers la Chine, et c’est bien parti pour continuer, d’autant que la récolte 2020 a été en Chine d’une qualité médiocre et réduite en quantité par le passage de typhons. Le port de Rouen a ainsi expédié vers la Chine 720 000 t de céréales, blé et orge confondus, entre juillet et septembre.

Tromperie sur la marchandise

Pourquoi la Chine achète autant de blé français? La guerre commerciale l’explique en partie. Alors que la géopolitique du soja a beaucoup varié en fonction des relations entre les États-Unis et la Chine, un accord commercial a finalement été conclu entre les deux pays au sujet des matières premières agricoles. Mais la Chine reste fâchée avec l’Australie, un de ses fournisseurs traditionnels de blé et son plus important fournisseur d’orge. En mai dernier, la Chine a instauré une taxe de 85 % sur les importations d’orge australienne. Elle se tourne aussi, naturellement, vers de nouvelles sources pour ses achats de blé.

On peut aussi y voir une volonté, commune à tous les pays importateurs, de diversifier la provenance de leurs achats, comme pour l’Algérie qui s’ouvre au blé russe. C’est une façon de faire jouer la concurrence et de s’affranchir du contexte géopolitique ou des aléas climatiques. Or, la Chine n’autorise les importations de céréales qu’en provenance d’un nombre limité de pays. La France est ainsi le seul pays de l’UE dont les céréales sont achetées par la deuxième puissance économique mondiale. D’autres hypothèses sont échafaudées par les observateurs des marchés: une production chinoise moins importante que ce que les chiffres officiels prétendent ou encore une anticipation en faisant du stock dans la perspective d’un regain de guerre commerciale ou de la pandémie.

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