La Rochelle, une année en blanc et gris

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Malgré les aléas, grève et crise sanitaire, ce sont bien les céréales qui ont sauvé le premier semestre du port rochelais. La campagne 2019-2020 s’est terminée en beauté. Les grands pays producteurs n’avaient plus de quoi fournir un marché pourtant demandeur. Mais les opérateurs locaux, SICA Atlantique et Socomac – Groupe Soufflet, ont profité de l’absence de concurrence et de la forte demande de la Chine. Cela s’est traduit par un trafic céréalier en hausse de plus de 20 % sur le premier semestre à La Rochelle. Fin juillet, 2,8 Mt avaient été chargés. « Le plan de continuité de l’activité a été lancé avant même la déclaration du confinement », rappelle Vincent Poudevigne, directeur général de la SICA Atlantique. Mais il insiste aussi sur la dimension vitale des céréales: « Même si les distances sont grandes par voie maritime, les céréales fonctionnent sur des circuits courts, avec trois maillons entre le producteur et le consommateur », que celui-ci se trouve à La Rochelle, Dakar ou Alger. La Rochelle a pu fournir ses clients habituels et a même accru ses exportations vers les pays tiers. Alors qu’elle représente habituellement autour de 70 % des chargements (le reste à l’intra-communautaire), cette proportion est passée à 85 % sur la campagne 2019-2020. L’Algérie est restée en tête des destinations, suivie du Maroc: à eux deux, ces pays ont représenté près de 30 % des exportations, devant l’Arabie Saoudite pour 10 % des volumes et de quatre pays ouest-africains (Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali et Mauritanie) totalisant 20 % des exportations. Fait notable, la Chine a été un excellent client, avec une demande en hausse de 30 % par rapport à la campagne précédente.

Envolée des cours

Mais l’avance prise sur ces six premiers mois a vite été estompée par la faiblesse de la nouvelle récolte. Le disponible exportable n’atteint pas les niveaux de l’année dernière et cela s’est traduit par un coup de frein aux expéditions dès le début de la nouvelle campagne. Fin septembre, la progression des volumes de céréales à l’export n’était plus que de 0,2 % par rapport à la même période de 2019, pour un total de 3,15 Mt. « Le début de campagne est terrible », ne craint pas de préciser Vincent Poudevigne. « Sur l’hinterland de La Pallice, on a 45 % de blé tendre en moins, 30 % en orge. On s’attend à une baisse d’activité de 50 % sur l’ensemble de la campagne, toutes denrées confondues. » Les chiffres des quatre premiers mois le corroborent: de juillet à octobre 2020, la SICA a chargé 500 000 t, la moitié de 2019 à période comparable. Cependant, la Chine et l’Afrique de l’Ouest ont animé le marché, d’autant que les clients habituels ne se faisaient guère remarquer. L’envolée des cours des céréales en a freiné plus d’un. Vu la faiblesse de la production mondiale, il est peu probable que les prix baissent beaucoup. Les acheteurs devront s’y habituer. Et comme le blé est une denrée de première nécessité, au sens strict, les flux devraient reprendre vers les destinations plus traditionnelles.

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