Baisse des exportations françaises à prévoir

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Si la qualité du blé est au rendez-vous pour la moisson 2020, ce n’est pas le cas de la quantité. Un hiver pluvieux suivi d’un printemps sec ont mis à mal les volumes produits, au quatrième rang parmi les plus faibles depuis 2000. La récolte de blé tendre est en baisse de 25 % en France, de 13 % pour l’ensemble de l’Union européenne, où elle n’atteint que 113,5 Mt. D’autres pays d’Europe ont en effet été touchés eux aussi par la sécheresse, avec des baisses de production de 12 % en Allemagne, 27 % en Bulgarie et 42 % en Roumanie. Après le record de 36 Mt lors de la dernière campagne, les exportations européennes de blé tendre ne devraient pas dépasser les 24 Mt en 2020-2021.

La collecte française de blé tendre va se limiter à 27,2 Mt selon les prévisions de FranceAgriMer. Ses estimations pour la campagne 2020-2021 font état d’exportations françaises limitées à environ 6,4 Mt vers les pays de l’Union, soit une baisse de 13 % par rapport à la campagne précédente. Quant à celles expédiées vers les pays tiers, elles devraient chuter de 51 % et n’atteindre que 6,6 Mt.

Grand retour russe

Si la France ne peut donc proposer que de faibles quantités à l’export, l’offre explose au niveau mondial, toutes céréales confondues, avec une récolte record à 2 230 Mt. Plusieurs des principaux pays producteurs en Europe, France, Allemagne, Roumanie et Ukraine, ont vu leurs récoltes amputées par la sécheresse. Mais la Pologne et les Pays Baltes ont engrangé de belles moissons.

Quant à la Russie, redoutable concurrente de la France auprès des pays méditerranéens, sa production de blé a atteint un record à 81 Mt, dont 37,5 Mt disponibles à l’export. Cette abondance va lui permettre de faire son grand retour, alors que la rétention, décidée par ses dirigeants au printemps pour assurer son marché intérieur, avait réduit ses parts sur le marché mondial du blé tendre.

Elle devrait ainsi sans peine retrouver son rang de premier exportateur mondial, récupérer l’Égypte parmi ses clients et menacer la France dans sa relation commerciale jusque-là pérenne avec l’Algérie. Alors que ce dernier était jusque-là la première destination des blés français hors UE, le pays a un temps envisagé de réviser à la baisse son cahier des charges sur la qualité des céréales, ce qui aurait ouvert tout grand la porte à des achats de blé russe.

La Chine, moteur dans les céréales

La hiérarchie des principaux pays acheteurs devrait cependant rester inchangée en 2020-21 selon Marc Zribi, chef de l’unité grain et sucre de FranceAgriMer: l’Égypte (12,7 Mt), l’Indonésie et l’Algérie (5 Mt) pour le blé; l’UE, le Japon et la Corée pour le maïs; la Chine, l’Arabie Saoudite et l’Iran pour l’orge.

La Chine occupe un rôle moteur dans la demande mondiale de céréales. Ses besoins, destinés à l’alimentation animale en particulier pour les élevages de volailles et de porcs, repartent après l’épidémie de peste porcine africaine. Ses achats portent sur du soja, du maïs, du sorgho et aussi, concernant la France, de des orges fourragères.

Depuis le début de la campagne d’exportation au 1er juillet dernier, le géant asiatique est d’ailleurs la destination du tiers des exportations françaises de blé tendre. Il attire aussi la quasi-totalité des exportations françaises d’orge. Cet appétit n’est pas nouveau mais est amplifié cette année par son différend commercial avec l’Australie. Selon les prévisions de FranceAgriMer, l’Europe devrait absorber 2,8 Mt des exportations d’orge (– 29 %).

France, partenaire exclusif de la Chine

« La demande chinoise sera un élément déterminant pour les exportations françaises, la France étant le seul pays d’Europe autorisé à vendre du blé sur cette destination », souligne Thierry de Boussac, directeur commercial du négoce Lecureur et membre du Syndicat national du commerce extérieur de céréales (Synacomex), qui estime à 1 à 2 Mt les quantités exportables vers ce pays. « Vers l’Algérie, la baisse sera drastique, avec seulement 1,5 à 2,5 Mt », prévoit-il. « La demande du Maroc pour le blé français devrait atteindre 1 Mt et celle de l’Afrique de l’Ouest de 1 à 1,5 Mt. La compétitivité du blé français à l’export dépendra de la parité euro-dollar, des exportations russes, mais aussi de la production argentine. En effet, la forte production australienne alimentera l’Asie, tandis que le blé argentin devrait prendre, à partir du premier semestre 2020, la direction de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. »

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