La chute drastique de la demande de véhicules, observée dans la plupart des grands marchés de consommation, et la mise à l’arrêt forcé des industries dans les grands pays constructeurs devraient se solder pour le marché automobile mondial par la pire année jamais enregistrée, avec une baisse anticipée des ventes de plus de 22 %. Soit 70,5 millions de véhicules. Toute les régions sont touchées, mais c’est en Europe que la baisse devrait être la plus forte (– 23 %). Pour Dynaliners, l’Asie, et la Chine notamment, portera l’essentiel de la demande avec 45 % du volume mondial du secteur.
En première ligne, les transporteurs de véhicules patinent. Selon les données compilées par la Lloyd’s List Intelligence pour son dernier Shipbuilding Outlook, les escales mondiales des ferries ont chuté de façon alarmante entre le 11 mars et le 11 mai, à environ 9 000 par semaine, soit une baisse de quelque 40 % par rapport à la moyenne de 15 000 enregistrée pour la même période en 2019.
Au Royaume-Uni, où le trafic roulier représente un pilier du transport maritime, les volumes ont chuté de 12,4 % au cours du premier trimestre de l’année, tandis que les volumes de fret non accompagné ont baissé de 9 %. Selon la British Ports Association, les services entre le Royaume-Uni et l’Europe continentale avaient diminué de 25,8 % sur le seul premier trimestre.
Parmi les principaux pays exportateurs de voitures, la Suède, qui n’a pas imposé le même niveau de restrictions que le reste de l’Europe, voit, depuis la fin avril, les exportations de véhicules de Göteborg, en grande partie issues des productions de Volvo, repartir.
Les exportations de voitures du Japon, quant à elles, ont chuté de 64 % par rapport à l’année dernière, soit presque autant que la chute enregistrée à la suite du tremblement de terre et du tsunami de 2011.
Un seul européen
La situation devrait exacerber une concentration déjà bien effective dans le secteur du ro-ro à en juger par le dernier panorama de Dynamar. Les dix premiers transporteurs mondiaux ont déployé à eux seuls 606 navires en avril alors que la flotte mondiale compte 730 unités. Leur capacité s’est élevée à 3,56 millions de CEU (Car Equivalent Units), soit 83 % du parc mondial de navires et 88 % de la capacité.
Dans le top 10 mondial du transport roulier de voitures, si le leader mondial est européen – Wallenius Wilhelmsen Ocean (WWO, avec ses filiales Eukor et American Roll-on Roll-off, 123 navires pour une capacité de 820 700 CEU), le secteur est dominé par les asiatiques, notamment japonais: NYK RoRo (et sa filiale UECC, United European Car carriers, 108 navires, 610 100 CEU), MOL Ace (100 navires et 550 000 CEU) et K Line (88 navires et 507 100 CEU). Le sud-coréen Hyundai Glovis fait également partie des grands acteurs du marché (71 PCTC, 472 700 CEU). Et c’est lui qui a redonné un peu de peps à une norme actualité sur ce marché sinistré. Le transporteur vient de signer le plus gros contrat de transport de véhicules de son histoire (432 M$) avec un constructeur automobile non coréen. La compagnie transportera pendant cinq ans des véhicules du groupe allemand Volkswagen (VW, Audi, Porsche et Bentley). Il prévoit dix liaisons par mois entre les ports allemand et anglais de Bremerhaven et Southampton et les ports chinois de Shanghai, Xingang et Huangpu.