« Il faudra une meilleure prise en compte du virus dans la conception ou le retrofit des navires »

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L’inspection des navires a été, avec la relève d’équipage, une des problématiques assez rapidement soulevées par la crise sanitaire. Comment avez-vous géré la situation?

Bruno Dabouis: Par chance, en application de notre stratégie de long terme, nous avions commencé à investir dans le numérique et à développer des méthodes et des outils spécifiques, soit pour mener une inspection à distance avec la coopération des membres de l’équipage à bord des navires, soit pour réaliser certaines inspections dans les chantiers navals ou chez les fabricants d’équipements. Nous avions aussi fait des essais d’utilisation de drones pour inspecter les endroits les plus dangereux ou difficiles d’accès des navires. Un test avait notamment eu lieu en 2019 sur un méthanier dans un chantier français. Ces développements ont été très utilement mis en application pour assurer la continuité de nos services. La robustesse des systèmes de communication au sein de Bureau Veritas a permis de maintenir actives nos équipes de bureau d’études et du backoffice en télétravail avec une bonne efficacité.

Vous avez récemment lancé le programme « redémarrez votre activité avec Bureau Veritas ». Quels sont vos objectifs?

B.D.: « Restart Your Business » est une initiative du Bureau Veritas qui vise à aider un très grand nombre d’acteurs économiques à reprendre leurs activités dans les meilleurs conditions sanitaires possibles. Dans le contexte maritime, nous nous sommes attachés à orienter notre offre de services de manière prioritaire à l’intention des opérateurs de navires à passagers et avons déjà obtenu des contrats significatifs avec Ponant et CroisiEurope en France, Balearia et Trasmediterranea en Espagne, Douro Azul au Portugal, Attica en Grèce, Grand Circle Cruises en Croatie, Buquebus en Argentine et Salen Ship Management aux États-Unis. Les armateurs veulent l’assurance que leurs protocoles sanitaires couvrent toutes les situations possibles.

Quelles sont selon vous les grandes révélations de cette crise sur un plan opérationnel ou au niveau organisationnel?

B.D.: Il apparaît que les outils numériques sont déterminants dans la capacité d’une société de classification à maintenir la continuité de services. Nous allons pour notre part poursuivre nos investissements dans des outils et techniques d’inspection à distance et de suivi de l’état des navires et de leurs équipements par des systèmes embarqués communiquant avec la terre. La diminution du temps imparti au contrôle est une demande des armateurs à laquelle nous devons répondre, tout en gardant un bon niveau de sécurité. Le parallèle entre virus biologiques et informatiques nous amène à nous préoccuper davantage de cyber sécurité, les navires étant de plus en plus connectés avec la terre pour le routing ou pour la maintenance des équipements. Nous avons développé des règles de classification à cet égard et nous publierons prochainement un cadre relatif à la conception des navires afin de réduire les risques de contamination à bord. Sur les systèmes de filtrage et d’aseptisation des ventilations par exemple, il s’agira d’être prescriptif alors que pour « Restart Your Business », il s’agit plutôt d’audit.

MM: À moyen et long terme, quels pourront être les effets de la crise sanitaire sur le transport maritime?

B.D.: À court terme d’abord, le transport de passagers, la croisière et le ferry posent des questions. La problématique des relèves d’équipage demeure. Quant à l’évolution du marché, nous avions quelques idées avant mais le covid rebat les cartes. Pour la suite, il se peut que les choses reprennent leur cours, mais avec une meilleure prise en compte du virus dans la conception ou le retrofit des navires. L’économie mondiale a subi un choc significatif, mais la population continue de croître et le transport maritime reste indispensable à l’économie. Il s’est montré résilient pendant la crise et la continuité du transport a été un pare-feu pour prévenir une crise économique d’une plus grande ampleur. Il serait intéressant d’ailleurs, dans certains secteurs comme le short sea, de se poser à nouveau la question du maritime pour profiter de cette résilience et de sa performance environnementale.

Dans l’opinion publique, cette crise sanitaire a renforcé la sensibilité générale à la protection de l’environnement. Les démarches engagées par les grands acteurs du monde maritime vers des sources d’énergie décarbonées et moins polluantes s’en trouvent donc renforcées.

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