Inévitablement, en promettant la « neutralité carbone » d’ici à 2050, la compagnie britannique a attiré la lumière mais sans doute effrayé ses actionnaires, qui ne pourront pas se consoler avec leurs dividendes, pour le moins déprimés. C’est ainsi que l’irlandais Bernard Looney a théâtralisé son entrée le 12 février à la tête de l’une des trois « super majors » pétrolières européennes (avec Shell et Total). Tout comme son successeur et compatriote Bob Dudley avait mis en scène sa sortie. Mais un Irlandais n’en cache pas un autre. Le nom du premier reste accroché à Deepwater Horizon, la plateforme pétrolière sise dans le golfe du Mexique qui a explosé le 20 avril 2010 engendrant un désastre écologique (4,9 millions de barils déversés) pour lequel BP continue de payer (70 Md$). Le second, qui dirigeait depuis 2016 la branche d’exploration et production du groupe, a eu la main lourde sur les objectifs verts, BP émettant 415 Mt de CO2 par an. Quelques jours après son intronisation, Bernard Looney enfonçait le clou en annonçant que son groupe allait quitter trois associations pétrolières américaines ne respectant pas les objectifs en matière de lutte contre le changement climatique. Des noms? L’AFPM (American Fuel and Petrochemical Manufacturers), la WSPA (Western States Petroleum Association) et la WEA (Western Energy Alliance). En fait, BP appartient à 30 associations, dont 22 seraient en cohérence avec son approche climatique, 5 en partie (dont la très puissante fédération américaine American Petroleum Institute), et trois qui ne le sont donc pas.
Pour le reste, la britannique a dévoilé, le 4 février, un bénéfice net réduit de moitié, à 4,03 Md$ (9,4 Md$ en 2018), sous l’effet conjugué de la dépression des prix et de cessions [pour une valeur de 5 Md$, NDLR].
Le bénéfice sous-jacent au coût de remplacement, indicateur de référence du secteur, est en recul sur un an, à 10 Md$. Le chiffre d’affaires 2019 a reculé de 7 %, à 283 Md$. À noter que dix ans après Deepwater Horizon, ses versements compensatoires pour le nettoyage et les indemnisations se sont élevés à 2,4 Md$ en 2019 après impôts et devraient encore atteindre moins de 1 Md$ pour 2020.